XVIIIème siècle

Madeleine Brousseau (1785-1833)

Rédaction :

Née à Yamachiche en 1785, elle aurait débuté sa carrière d’institutrice vers 1808 ou 1809 dans la région de Trois-Rivières. En 1828, elle est propriétaire d’un bâtiment de deux étages et d’un terrain près du bassin de Chambly. Elle avait déjà engagé un maçon afin d’effectuer des travaux pour aménager une école et un pensionnat dans ce qui était possiblement une auberge.
Appuyée par le curé de la paroisse et quelques notables de la région, elle dirige la première école pour filles de Chambly qui accueille une soixantaine d’élèves, dont une vingtaine de pensionnaires. Dès le début du projet, elle s’associe avec Ursule Vaillancourt, une autre institutrice laïque. Des sœurs de la Congrégation Notre-Dame-de-Montréal prêtent main-forte et il semble aussi qu’une autre institutrice, Marie Clément, ait enseigné dans l’établissement.
Comme dans les autres écoles privées qui apparaissent dès la fin du 18e siècle, les journées sont rythmées par les prières et le son des cloches de l’église. Les élèves y apprennent le français, les mathématiques, l’anglais, la géographie, l’histoire et les arts ménagers. Elles sont également initiées à la danse, aux arts plastiques, à la musique et aux travaux d’aiguille. L’École des Demoiselles jouit d’une très bonne réputation, si bien qu’elle attire des protestantes américaines qui viennent y apprendre le français. Celles-ci peuvent bénéficier des enseignements du révérend protestant, tandis que les leçons de catéchisme sont prodiguées par le curé de la paroisse.
Durant sa carrière, Madeleine Brousseau aurait enseigné à près de 3 000 élèves de différentes classes sociales. Une pensionnaire raconte qu’elle était une femme respectée avec un bon caractère. À son décès en 1833, elle lègue ses biens à son associée, Ursule Vaillancourt, qui prendra sa relève avant la fermeture de l’établissement en 1837. La cause de la fermeture est probablement liée à la suppression par le gouvernement de l’aide aux écoles en 1836. Bien que l’École des Demoiselles ait bénéficié du soutien financier de quelques mécènes, des revenus générés par les élèves ”payantes” et des subsides versés en vertu de la loi des Écoles de Fabriques, l’aide gouvernementale était nécessaire.
En 2016, des parents et des élèves ont choisi le nom de Madeleine Brousseau pour une nouvelle école à Chambly. Ce geste de reconnaissance permet à cette pionnière de l’éducation de ne pas sombrer dans l’oubli!

Publication le 18 janvier 2024.

Représentation de Madeleine Brousseau par Manon Marchand, artiste peintre
En arrière plan, on retrouve le Centre administratif de la Ville de Chambly qui était auparavant le couvent des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame construit en 1855 près de l’endroit où se trouvait l’École des Demoiselles de Madeleine Brousseau.
Photographie : Joëlle Thérien

Références:

  • Louise Chevrier, dans Le temps des maîtresses d’école, Cahier d’histoire de la seigneurie, no. 40, p. 18-30.
  • Paul-Henri Hudon, Trois institutrices associées. L’école des demoiselles, octobre 2016.
  • Centre de services scolaire des Patriotes, « La nouvelle école primaire de Chambly a maintenant un nom : l’école Madeleine-Brousseau », 7 décembre 2016. https://cssp.gouv.qc.ca/…/la-nouvelle-ecole-primaire…/

XIXème siècle

Esther Sureau dit Blondin (1809-1890)

Rédaction : en collaboration avec André Laniel de la Société patrimoine et histoire de l’île Bizard et Sainte-Geneviève

Née en 1809 à Terrebonne de parents analphabètes, Esther Blondin apprend à lire et à écrire à l’âge de 22 ans. Après avoir entamé des démarches pour rejoindre la Congrégation Notre-Dame de Montréal, des troubles de santé l’obligent à mettre fin à son postulat. Une fois rétablie, elle devient institutrice de l’académie de Vaudreuil dont elle prendra la direction.

Désireuse d’instruire un plus grand nombre d’enfants, elle jette, en 1848, les bases d’une nouvelle communauté religieuse aujourd’hui connue sous le nom de Sœurs de Saint-Anne. Il s’agit de la première communauté religieuse à avoir reçu l’autorisation de l’évêque d’instruire les filles et les garçons sous un même toit. En 1850, Esther Blondin prononce ses vœux avec quatre compagnes et prend le nom de mère Marie-Anne. Un an plus tard, elle fonde le convent de Saint-Geneviève de Pierrefonds avec le soutien de quelques consœurs. Après avoir occupée la fonction de supérieure entre 1854 et 1858 de même qu’entre 1865 et 1866, elle est écartée des instances décisionnelles par l’abbé Louis-Adolphe Maréchal, l’aumônier de la communauté.

Elle décède en 1890 à la maison mère de Lachine après avoir accompli des tâches bien modestes tout en ayant pardonné aux personnes qui l’ont maintenu dans l’ombre.

Heureusement qu’aujourd’hui, son rôle de fondatrice est reconnu! De plus, en 2011, elle a été béatifiée suite au miracle de Marguerite Prévost de Sainte-Geneviève survenu le 7 janvier 1977 qui l’a rendu candidate à la sainteté.

Tableau photographiée à l’ancien Musée des Sœurs Sainte-Anne de Lachine qui représente la « Maison jaune à Sainte-Geneviève», 1851. Aquarelle E.J. Gauvin. Photographie de André Laniel.

Publication le 24 janvier 2023.

Buste de Mère Marie-Anne. Photographie de André Laniel

Références:

  • Marc Locas, Sainte-Geneviève … ses quatre saisons, à compte d’auteur, 1981
  • Christine Mailloux, s.s.a., Esther Blondin, prophète pour aujourd’hui, Médiapaul, 1987
  • Eugène Nadeau, o.m.i., Martyre du silence Mère Marie-Anne, Médiapaul, 2003
  • Christine Mailloux, s.s.a., Une femme dans la tourmente, Les éditions Sainte-Anne, 2000
  • Christine Mailloux, s.s.a., Esther Blondin, un voyage, une passion, Médiapaul, 2010
  • Sœur Gabriel-Marie, s.s.a., Histoire de la paroisse Sainte-Geneviève 1741-1872, Montréal 1958

Albine Gadbois (1830-1874)

Rédaction : Louise Langevin, de la Société d’histoire et de généalogie de Belœil—Mont-Saint-Hilaire

Née en 1830 à Belœil au sein d’une famille de cultivateurs prospères, Albine Gadbois devient, à 17 ans, novice chez les Sœurs de la Providence sous le nom de Sœur Marie-de-Bonsecours. Sa passion, sa ténacité, son intelligence et ses capacités d’enseignante et d’administratrice ont permis que l’Institut des sourdes-muettes voie le jour en 1849 et se perpétue jusque dans les années 1970.

Dès 1833, Victor Gadbois et Angélique Daignault décident de scolariser leurs enfants à la maison : les matières de base, la religion, l’activité physique et l’administration des terres sont au programme. Au fil des ans, d’autres enfants s’ajoutent et des institutrices sont embauchées. Les sept sœurs, pourtant bien dotées par leur père pour un mariage éventuel, optent toutes pour la vie religieuse dans diverses communautés, lesquelles prospéreront grâce, entre autres, aux dotations de la famille Gadbois.

C’est en 1846 qu’Albine Gadbois apprend de l’abbé Irénée Lagorce, éducateur à la Providence Saint-Isidore, le langage des signes. Jeune novice, elle éduque deux jeunes filles atteintes de surdité. Son succès amène Mère Gamelin, fondatrice des Sœurs de la Providence, à charger Sœur Marie-de-Bonsecours, qui a prononcé ses vœux perpétuels en 1849, du développement de l’Institut des sourdes-muettes. D’abord situé à l’Hospice Saint-Joseph, l’Institut s’installe dans la bâtisse bien connue de la rue Saint-Denis, coin Cherrier. Albine y sera la directrice compétente et innovatrice jusqu’à sa mort, et trois de ses sœurs lui succéderont.

Entre 1851 et 1858, Albine effectue plusieurs stages pour se perfectionner dans les techniques d’enseignement auprès des Clercs Saint-Viateur de Joliette, puis à l’Institut Peel de New York où elle retourne en 1865. En Europe (1870), elle découvre la méthode dite orale, une approche qui permet de libérer les jeunes sourdes de leur isolement intellectuel, moral et social. Avec le sentiment d’avoir accompli sa mission, aveugle et atteinte d’un cancer, Albine Gadbois décède en 1874.

Publication le 29 janvier 2024.

La Providence (Montréal) / James Duncan – 1853
Archives de la Ville de Montréal – Creative Commons 2.5 (by-nc-sa) [https://creativecommons.org]; code de référence : BM099-1-D2-P11, https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do…

Références:

  • BÉLAND, Marie-Claude, « Une grande œuvre d’éducation spécialisée », Bulletin de la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal, vol. 12, no 2, été 2017, p. 8-9, consulté le 12 janvier 2024, https://providenceintl.org/…/BULLETIN-SOCIETE-DHISTOIRE…
  • Andrée Désilets, « GADBOIS, ALBINE, Marie de Bonsecours », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003 –, consulté le 12 janvier 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gadbois_albine_10F.html.
  • Pierre Lambert, « Eulalie Durocher et les filles de Belœil ». Les Cahiers d’Histoire de la Société d’histoire et de généalogie de Belœil–Mont-Saint-Hilaire, no 11, juin 1983, p. 10-17

Marie-Aveline Bengle (1861-1937)

Rédaction :

Marie-Aveline Bengle nait le 15 octobre 1861 à Saint-Paul-d’Abbotsford, fille de Guillaume Bengle, cultivateur et parfois nommé médecin vétérinaire et de Philomène Pion. Elle naît dans une famille de 7 enfants qui comptera 3 religieuses.

Après des études en vue de l’obtention de son brevet d’enseignement, elle se destine au noviciat de la congrégation Notre-Dame. Elle est admise en 1882 sous le nom de sœur Sainte-Anne-Marie. Par ses qualités d’enseignantes et d’initiatives pédagogiques, elle devient assistante de la supérieure en 1897.

En 1904 la congrégation tente d’implanter les études supérieures pour les jeunes filles. Il n’était pas opportun de lancer les jeunes filles dans les études supérieures, paraît-il. Sans relâche elle finit par obtenir les autorisations nécessaires et l’exclusivité de l’École d’enseignement supérieur pour les jeunes filles pour 25 ans.

En 1913 sœur Sainte-Anne-Marie est nommée maîtresse générale des études. Elle multiplie les démarches à l’établissement d’un institut pédagogique à Montréal qui ouvrira ses portes en 1926 et qui s’établira au collège Marguerite-Bourgeoys. L’École normale de musique y ouvre aussi ses portes dès 1926.

Son institut inaugure des cours de formation en art de dessin, des formations pour enseignantes des enfants handicapés et où sœur Marie Gérin-Lajoie ouvre en 1931 son école d’action sociale, ancêtre du programme de service social de l’université de Montréal.

En 1932 lors de son jubilé d’or, l’université de Montréal lui décerne un doctorat honoris causa en pédagogie. Ironie du sort lorsqu’on pense que les jeunes filles n’étaient pas admises aux études supérieures.

Le 13 mars 1937, elle meurt à la maison mère suscitant témoignages et hommages.

À la suite de son décès d’anciennes élèves du collège lui rendent hommage en apposant une plaque commémorative dans l’église de Saint-Paul-d’Abbotsford

Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal, tirées du Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Publication le 5 décembre 2024.

Archives Congrégation de Notre-Dame – Montréal, tirées du Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Références:

Éveline (1898-1977) et Estelle (1899-???? ) Leblanc

Rédaction :

Éveline (1898-1977) et Estelle (1899-) Leblanc sont originaires de Bonaventure en Gaspésie.

Après des études en sciences domestiques à Saint-Pascal-de-Kamouraska, elles s’orientent vers l’enseignement des sciences domestiques.

Estelle entre d’abord au service du gouvernement fédéral au ministère des Pêcheries où elle travaille jusqu’en 1946. Quant à Éveline, elle est employée en 1923 par le ministère fédéral de l’Agriculture à Ottawa à titre de première technicienne bilingue en sciences domestiques.

En 1944, à la demande de monsieur J.A. Godbout, premier ministre du Québec, et du cardinal Villeneuve, Éveline accepte de diriger le service de l’enseignement ménager au département de l’instruction publique (DIP). À la même époque, soit en 1946, Estelle entre à la direction de l’École ménagère provinciale de Montréal (EMP).

Les sœurs Leblanc n’ont pas ni le parcours ni le discours typiques proposés à cette époque où l’enseignement traditionnaliste et religieux vise plutôt à former des épouses et des mères modèles. Elles avaient l’ambition de former des spécialistes des sciences ménagères, préparées à mener une carrière dans l’enseignement ou ailleurs. La préparation de ces spécialistes devait passer par une solide formation technique et professionnelle.

Un véritable débat où religieuses comme laïques interviennent pour traiter de l’éducation des filles et du travail féminin afin d’être reconnue au même titre que les universités canadiennes et américaines en sciences domestiques. Leur obstination leur fera perdre leur emploi; cependant, leur acharnement tracera la voie pour des changements dans le monde de l’éducation.

Leurs revendications auront des répercussions de différentes manières. Dans les années 50 et 60 l’éducation et l’instruction des filles seront un enjeu et préfigureront les changements qui seront débattus dans les commissions Tremblay et Parent.

Publication le 16 janvier 2024.

Références:

  • Articles de la revue Recherches féministes Travail, temps, pouvoirs et résistances vol. 30, no 2, 2017.
  • Marilyne Brisebois, « L’enseignement ménager au Québec : entre «mystique» féminine et professionnalisation 1930-1960 », Recherches féministes, vol 30, no 2, 2017, p.17-37.
  • Aline Charles et Elsa Galerand, « Du travail ménager au service domestique, de l’emploi féminin au travail militant : critiques féministes en évolution », Recherches féministes, vol 30, no 2, 2017, p.1-16.
  • Marie-Christine Pitre, L’École ménagère provinciale : entre la famille et l’emploi, les femmes ont-elles le choix? Observatoire des réalités familiales du Québec, juin 2021. https://www.orfq.inrs.ca/lecole-menagere-provinciale-entre-la-famille-et-lemploi-les-femmes-ont-elles-le-choix/
  • Rose-Hélène Coulombe et Michel Jutras, Femmes engagées à nourrir le Québec, les éditions GID 2012.

XXème siècle

Marie-Blanche Savard (1916-2019)

Rédaction :

Née en 1916 à Causapscal, en Gaspésie, Marie-Blanche Savard a toujours su qu’elle voulait devenir religieuse. Bien qu’elle ait dû retarder son entrée au couvent pour des raisons familiales, elle se trouve un emploi au presbytère de sa paroisse, où elle développe une passion pour la couture. Elle fabrique d’ailleurs de nombreuses pièces ornant l’église nouvellement construite ainsi que des pièces de vêtements.

Quelques années plus tard, alors dans la mi-vingtaine, elle fait son entrée au noviciat des Sœurs de la Charité de Québec et prend le nom religieux de sœur Saint-Onias. Après le noviciat, elle passe quelques temps à la Maison Mère-Mallet, où elle s’occupe des orphelins. Elle quitte par la suite pour Montmagny, où elle enseigne la couture aux jeunes filles. Après un cours passage à cet endroit, elle dépose ses valises au Couvent de Sainte-Anne-de-La-Pocatière au début des années 1950. Durant douze ans, elle se consacre à l’enseignement de la couture offert dans le cadre du cours ménager agricole, donné l’été à la Faculté d’agriculture de l’Université Laval (aussi appelé École supérieure d’agriculture). Le cours étant nouveau, sœur Saint-Onias doit donc créer le syllabus de son enseignement. Le premier exercice de couture donné aux jeunes filles au moment de leur arrivée est alors la création de leur costume. Elles doivent donc fabriquer de toutes pièces et mettre en œuvre, sous la supervision de sœur Saint-Onias, la jupe, le blazer, la chemise ainsi que la cravate. Elle leur enseigne également la confection de patrons ainsi que les méthodes de couture qui leur permettront non seulement de créer des vêtements, mais aussi différents morceaux qui leur serviront dans la vie de tous les jours (literie, linges de cuisine, serviettes, etc.).

Le départ de la Faculté d’agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière vers Québec en 1962 indique également le départ de sœur Saint-Onias. Le désir toujours présent de transmettre sa passion, son parcours l’amène alors à la Malbaie, où elle enseigne la couture au secondaire pendant plus de 15 ans.

Après une retraite bien mérité à la fin des années 1970, elle continue la couture à son retour à Québec et ce, jusqu’à l’âge de 96 ans. Elle décède en avril 2019, à l’âge vénérable de 102 ans.

Celle-ci ne retient que de bons souvenirs de son expérience en enseignement de la couture. Les jeunes filles de l’époque, aujourd’hui âgées, conservent également un souvenir intarissable de l’enseignement qu’elles ont reçu de la part de la religieuse. Toutes s’entendent pour dire qu’elle a su transmettre sa passion et que les leçons apprises ont servi toute leur vie.

Publication le 11 janvier 2024.

Photo tirée de la mosaïque du Cours ménager agricole 1950-1951. (Collection Marie-Josée Lettre)

Références:

  • Entrevue avec sœur Marie-Blanche Savard (sœur Saint-Onias), 26 août 2017. (Collection Marie-Josée Lettre)
  • Maison funéraire Wilbrod Robert. – Savard, Sr Marie-Blanche, avis de décès. Avril 2019 

Micheline Dumont (1935- )

Rédaction :

Micheline Dumont a toujours eu soif d’apprendre! À une certaine époque, son père avait refusé de payer pour ses études, mais des religieuses lui offrent une bourse afin qu’elle puisse faire son cours classique. Elle poursuivit son parcours scolaire jusqu’à la maitrise en histoire qu’elle complète à l’Université Laval.

Elle commence à enseigner en 1959 à Montréal, mais c’est à l’université de Sherbrooke qu’elle fera carrière entre 1970 à 1999. Durant cette même période, elle mit au monde trois filles et participe également aux travaux de la Commission Bird sur la situation de la femme au Canada. C’est à partir de ce moment qu’elle se consacre à l’histoire des femmes. S’intéressant à toutes les époques de l’histoire du Québec, elle parle de l’importance d’intégrer la réalité des femmes dans le récit national. Ses talents de vulgarisatrice sont notamment mis en valeur dans l’ouvrage 𝘏𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘢𝘶 𝘘𝘶𝘦́𝘣𝘦𝘤 𝘥𝘦𝘱𝘶𝘪𝘴 𝘲𝘶𝘢𝘵𝘳𝘦 𝘴𝘪𝘦̀𝘤𝘭𝘦𝘴 publié pour une première fois en 1982 par le collectif Clio.

Micheline Dumont ne s’est pas toujours affichée comme féministe. En effet, elle explique que c’est la lecture du livre 𝘈𝘪𝘯𝘴𝘪 𝘴𝘰𝘪𝘵-𝘦𝘭𝘭𝘦 de Benoite Groulx qui l’amène à s’impliquer dans les luttes de la deuxième vague féministe. Même si elle est à la retraite, elle poursuit son œuvre d’éducation à travers des conférences et des publications. Dans son ouvrage 𝘋𝘦 𝘴𝘪 𝘭𝘰𝘯𝘨𝘶𝘦𝘴 𝘳𝘢𝘤𝘪𝘯𝘦𝘴 : 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘳𝘪𝘦𝘯𝘯𝘦, elle raconte son enfance et son parcours scolaire.

Publication le 5 janvier 2023.

Références:

Ghyslaine Roquet (1926-2016) et la Commission Parent

Rédaction :

Née à Ottawa en 1926, sœur Marie-Laurent de Rome, née Ghyslaine Roquet, est devenue une pionnière dans le domaine de l’éducation grâce à sa contribution aux travaux de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement (1961-1966). Mieux connue sous le nom de Commission Parent, du nom de son président Mgr Alphonse-Marie Parent, elle avait pour objectif d’éclaircir la situation de l’éducation au Québec.

Membre de la communauté des Sœurs de Sainte-Croix, sœur Marie-Laurent de Rome a été recrutée comme membre de la Commission par le Premier ministre du Québec à cette époque ; Jean Lesage. Ce dernier avait été impressionné par l’intelligence, la sagesse et la vivacité d’esprit de sœur Marie-Laurent de Rome. Mais il souhaitait surtout bénéficier de la perspective de représentant-es du milieu religieux et des collèges. En effet, forte d’une scolarité de deuxième cycle en philosophie et en théologie et d’un doctorat en philosophie de l’Université de la Sorbonne, sœur de Rome enseignait à ce moment la philosophie au Collège Basile-Moreau situé dans l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal.

Parmi les tâches qui l’incombaient comme commissaire, sœur De Rome faisait le recensement des centaines de mémoires qui avaient été rédigés sur la question de l’éducation. Elle effectuait également des voyages d’observation des modes d’enseignement dans différentes provinces canadiennes, aux États-Unis et en Europe. Les trois volumes du rapport Parent ont respectivement été publiés en 1963, 1964 et en 1966 et durant les années suivantes, sœur De Rome assure la mise en œuvre des grandes recommandations qu’il contient. En 1970, Ghyslaine Roquet reçoit le titre de Compagnon de l’Ordre du Canada en reconnaissance à sa contribution à la réforme et à la modernisation de l’éducation. Elle décède en 2016, à l’âge de 90 ans.

Considérée comme un produit phare de la Révolution tranquille, la Commission Parent a permis de mettre en place des réformes majeures. Nous lui devons entre autres la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, la création du ministère de l’Éducation, des écoles polyvalentes et des Cégeps, l’accès élargi à l’éducation pour les femmes, la gratuité scolaire de la maternelle au niveau collégial, etc.

Publication le 19 janvier 2023.

Neuf commissaires et trois membres du personnel de la commission Parent, 1961. BAnQ Québec, fonds Ministère de la Culture et des Communications, série Office du film du Québec (E6,S7,SS1,P1966-61H). Photo : Neuville Bazin. https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/3998265

Références:

Colette Noël (1926-2013)

Rédaction : Louise Langevin, de la Société d’histoire et de généalogie de Belœil—Mont-Saint-Hilaire

Colette Noël, née Arbour, aura ouvert des voies nouvelles dans l’éducation au Québec, malgré de nombreuses embûches. On doit à son audace et à sa persévérance l’existence d’écoles dites alternatives ou à vocation spéciale intégrées au ministère de l’Éducation.

Née en 1926 de parents professionnels précocement décédés, elle obtient son baccalauréat ès lettres et sciences en 1948 et s’envole en France pour étudier les arts et la pédagogie. Elle découvre l’œuvre de pédagogues progressistes dont celle de Célestin Freinet qui influence la suite de son parcours. Diplômée en pédagogie de l’Université Laval et forte de plusieurs stages en France à l’école Freinet, cette jeune veuve et mère ouvre d’abord une maternelle dans sa maison à Belœil vers 1955, puis des classes au primaire. Tout en poursuivant une maîtrise en histoire, obtenue en 1954, elle crée la première école Freinet au Québec. Trois maisons patrimoniales de Belœil et Mont-Saint-Hilaire logent les classes au cours des quelque 13 ans d’existence de l’école. L’école Noël applique des méthodes pédagogiques à l’opposé des pratiques en vogue à l’époque : elle favorise l’expression libre des enfants, le travail manuel et la coopération. L’école n’est pas reconnue par le nouveau ministère de l’Éducation ; dépourvue de ressources, Colette Noël doit la fermer en 1967. Docteure en éducation (1969), Colette Noël devient professeure à la Faculté des Sciences de l’éducation à l’Université de Montréal. Elle se joint au Groupe La Maîtresse d’École (GMÉ) qui préconise une pédagogie progressiste collée au milieu de la classe ouvrière. Fortement critiqué et malgré des grèves étudiantes en sa faveur, le GMÉ est dissous ; Colette Noël, grâce à sa permanence, demeure à l’université et continue de publier jusqu’en 1989. Retraitée en 1991, elle fait paraître une collection de livres pour les écoles défavorisées de Montréal et décède en 2013 à Val-David.

Publication le 19 janvier 2023.

Photo parue dans Cyberpresse – La Presse, Montréal, 12 octobre 2013 (FQSG) : https://www.lapresse.ca/…/01-4701772-colette-noel-1926…

Références:

  • Marc-André Éthier, « Colette Noël, pédagogue Freinet et progressiste », Traces, Université de Montréal, vol. 42 no 4, nov.-déc. 2004, p. 29-31.
  • Pierre Gadbois, La maison Isaïe-Préfontaine, 224, rue Richelieu, Belœil (manuscrit présenté à la SHVR pour le concours Percy-Foy, déposé au centre d’Archives et de documentation de la SHGBMSH sous la cote ART/B/728.000/GADmI/10007843), décembre 2012, 61 pages.
  • Annie-Geneviève Morel et Julien Rosa-Francoeur, « Regards sur l’école alternative », À bâbord, no 76, oct-nov. 2018, consulté en ligne à https://www.ababord.org/Regards-sur-l-ecole-alternative le 23 janvier 2023.

Les écoles ménagères agricoles

Rédaction :

Même s’il existe un réseau d’écoles ménagères dans la Province de Québec depuis 1882, une réforme est imposée dans le milieu des années 1930, retirant ainsi la partie agricole de son cursus scolaire. Lorenzo Angers, alors directeur de l’École d’agriculture de Chicoutimi, décide, au début des années 1940, de créer un cours basé sur le modèle danois. Avec l’appui du ministère de l’Agriculture et de la Colonisation, les cours permettent ainsi de former des épouses dévouées et des ménagères accomplies et aussi donner à la classe rurale, des femmes bien préparées à leur rôle de maîtresse de maison, de mère de famille, d’épouse chrétienne sans oublier leur mission sociale et religieuse.

Aux cours de base, tels que le tricot, le tissage et la psychologie familiale, s’ajoutent les cours d’agriculture tels que l’aviculture, l’apiculture, la culture fruitière, l’horticulture, l’industrie laitière, l’embellissement, la comptabilité agricole et la chimie alimentaire.

Le cours ménager agricole est donné l’été dans neuf écoles d’agriculture à travers le Québec, et ce, jusqu’au début des années 1970. Dans son rapport annuel de 1964/1965, le Conseil supérieur de l’éducation recommande sa fusion avec le cours ménager classique jetant ainsi les bases du futur cours d’économie familiale, dont la responsabilité sera sous la tutelle des commissions scolaires régionales. De plus, le nouveau cours sera donné dans les écoles secondaires et par conséquent, deviendra mixte.

Publication le 12 janvier 2023.

Huit étudiantes de deuxième année du cours ménager agricole servent le goûter au banquet donné à l’École supérieure d’agriculture soulignant le départ du Commandant Beaugé, professeur à l’École supérieure des pêcheries, 8 juin 1951. (Première rangée, à l’arrière, de gauche à droite : Gisèle Avoine, Ange-Irène Carrier, Rolande Ouellet, Marguerite Pelletier et Paulette Ouellet. Deuxième rangée, assise, de gauche à droite : Madeleine Dupont, Aline Moreau et Mariette Saint-Pierre). Photo reçue de madame Gisèle Avoine en 2019

Références:

  • DeMontigny, Angèle, Le cours ménager-agricole en 1961. Montréal: Université de Montréal, 1963.
  • Conseil supérieur de l’éducation. La participation au Plan scolaire : rapport annuel 1964/1965. Québec (Province). Conseil supérieur de l’éducation, 1965.