Les Huronnes et les rites du mariage

Rédaction :

Les valeurs présentes dans les rites du mariage de la nation huronne sont bien différentes de celles que nous connaissons. En effet, il faut tout d’abord savoir que la nation huronne est un peuple matriarcal où la femme à le pouvoir de décision, contrairement à la religion catholique, où l’homme exerce ce même pouvoir. La Huronne a donc le libre choix de qui deviendra ou non son époux. Si celle-ci accepte les offrandes et la couverture de mariage, c’est qu’elle consent à l’union et qu’elle décide que son prétendant est digne de devenir son mari. Pour sceller le tout, un grand banquet est donné par le père de la mariée.

Au sein de la nation huronne, les expériences sont encouragées. La relation entre l’homme et la femme peut être purement sexuelle, et ce, jusqu’à ce que la femme tombe enceinte. Elle a également le pouvoir de mettre fin à l’union à tout moment, peu importe la raison.

L’arrivée des Français et de la religion catholique bouleverse les valeurs de la nation huronne. Le christianisme est imposé et les Hurons tentent de s’adapter au mélange des rites autochtones et chrétiens.

Heureusement, des femmes comme Diane « Andicha Sondakwa » Picard tente de perpétuer certains rites reliés aux unions matrimoniales, telles que la purification des époux à l’aide de la fumée de la sauge, l’échange des offrandes, la couverture de mariage et le bâton de parole, et ce, dans la plus pure tradition huronne, tout en conservant une touche personnelle à la cérémonie.

Publication le 15 juin 2023.

objets utilisés lors d’une cérémonie de mariage (crédit : Marie-Josée Lettre).

Références:

  • Trigger, Bruce G. «Chapter 2 : The Huron and Their Neighbours : Courtship and Marriage.», The children of Aataentsic : a history of the Huron people to 1660, McGill-Queen’s University Press, 1976 (1987), p. 48-50.
  • Smith, Derek, G. (Mis à jour le 19 avril 2018 par Zach Parrott et Michelle Filice). « Religion et spiritualité des Autochtones au Canada. », L’encyclopédie canadienne. 4 décembre 2011. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/…/religion-des…
  • S.N., « Andicha N’de Wendat – Les Femmes au Tambour de Wendake», La Maison Andicha, 2022. https://andicha.com/

XVIIème siècle

Madeleine Couc (1669-????)

Rédaction : Louise Chevrier, membre de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly

Au cours de l’année 1690, trois sœurs, les filles de Pierre Couc dit Lafleur et de l’Algonquine Marie Miteouagoukoué, quittent la vallée du Saint-Laurent avec leurs compagnons, tous interprètes en langues autochtones, pour se rendre au plus important poste de traite de l’Ouest : Michillimakinac, situé aux confins des lacs Supérieur, Huron et Michigan. L’une d’elle est bien connue : il s’agit d’Isabelle, dite madame Montour. Pourtant, à l’instar d’Isabelle, ses sœurs Madeleine et Marguerite ont pour langue maternelle l’algonquien; elles maîtrisent, outre le français, sans doute l’iroquois qui était la spécialité de leur père.

Les femmes métisses jouent un rôle essentiel pour le travail de leurs époux : elles sont la passerelle entre plusieurs mondes, soutient l’historien Gilles Havard. Attardons-nous sur Madeleine Couc qui se tient aux côtés de son compagnon, l’interprète du roi Maurice Ménard.

La date de naissance de Madeleine Couc est incertaine. Vraisemblablement en 1669 puisqu’on lui donne 12 ans au recensement de 1681. Le mariage de Madeleine Couc et Maurice Ménard en 1692 inaugure le registre de la mission Saint-Ignace de Michillimakinac. L’inscription suivante est celle du baptême de leur fils Antoine en 1695; toutefois, la famille compte déjà deux filles prénommées Marguerite et Madeleine. Un deuxième fils Louis, serait vraisemblablement né au poste de traite. Ce n’est qu’en 1698 que la famille fera le long voyage de retour en canot pour s’installer à Boucherville, lieu de résidence du clan Ménard, où Madeleine mettra au monde quatre autres enfants.

Nous ne pouvons qu’imaginer le rôle de Madeleine auprès de Maurice Ménard. Toujours selon Havard, ce dernier est un agent idéal de la Pax Gallica. Il aurait compté parmi les artisans de la Grande Paix de Montréal en 1701. Une fois de retour au Pays d’en haut en 1713, Maurice, se languit de Madeleine; le père missionnaire Chardon recommande au gouverneur de « luy laisser venir ici sa femme ». Madeleine partira retrouver son compagnon avec ses plus jeunes enfants pour ne plus jamais revenir au « Pays d’en bas ».

Après sa mort (dont on ignore la date), Maurice s’installera à Chambly où vivent ses aînés : Marguerite, Madeleine et Antoine. Il meurt en 1741.

Marguerite Ménard, fille de Madeleine Couc, pratiquera comme sage-femme auprès des femmes de cette seigneurie. Le registre paroissial signale sa présence comme marraine d’enfants autochtones dès 1707. Marguerite suit ainsi les traces de sa mère, bâtissant des ponts entre les cultures.

Publication le 1er juin 2023.

Photographie du fort Michilimakinac, 2022

Références:

  • Marthe Faribeault-Beauregard, La population des forts français d’Amérique XVIIIe siècle, Éditions Bergeron, 1982.
  • Gilles Havard, Empire et métissage, Indiens et Français dans le Pays d’en haut, 1660-1715, Septentrion, 2009.
  • Archives des colonies, correspondance générale. Les registres paroissiaux de Sainte-Famille (Boucherville), Saint-Joseph-de-Chambly, Saint-François (Odanak).
Carte de 1718, par Guillaume Delisle, Library of Congress Public Domain

XVIIIème siècle

Femmes esclaves au XVIIIème siècle sur le territoire de la Nouvelle-France

Rédaction :

Vous connaissez peut-être l’histoire de Marie-Josèphe Angélique, une esclave afrodescendante qui a été accusée d’avoir mis le feu à Montréal en 1734. Récemment, l’artiste autochtone Émilie Monnet a partagé au grand-public l’histoire de Marguerite Duplessis qui, en 1740, s’est battue en justice pour faire reconnaitre qu’elle est née libre et non esclave. Ces deux femmes ont perdu leur cause devant le système judiciaire puisque la première fut condamnée à mort et la seconde fut déportée contre sa volonté.

En Nouvelle-France et au Bas-Canada, les esclaves se retrouvent principalement dans la sphère domestique les exposant ainsi à diverses formes de violences. Elles effectuent des tâches variées comme la cuisine, le lavage, le marché, le ménage, etc. Elles pouvaient être vendues ou louées et leurs enfants étaient la propriété de leur maitre. Quelles soient originaires de communautés autochtones ou d’Afrique, elles sont nombreuses à parler plusieurs langues puisqu’elles ont voyagé. Les esclaves autochtones étaient souvent désignés sous le terme de Panis même s’ils n’étaient pas originaires de la communauté du même nom.

En 1798, une esclave du nom de Charlotte s’enfuit lorsqu’elle apprend que son maitre veut la vendre. Elle est capturée et elle est amenée devant un juge qui refuse de la condamner puisqu’il n’existe aucune loi qui encadre l’esclavage au Bas-Canada. Les tentatives pour donner un cadre légal à l’esclavage ayant échoué, la pratique de l’esclavage disparait progressivement sur le territoire dès le début du 18e siècle.

Publication le 20 octobre 2022.

Références :

Marguerite Duplessis

Rédaction :

On sait peu de choses sur l’enfance de Marguerite Duplessis. Elle serait probablement née vers 1718. Son acte de baptême ne mentionne pas de parent et l’identifie simplement comme « Panisse ». Alors qu’elle est âgée de 12 ans, on la retrouve à la Baie-des-Puants (Green Bay au Wisconsin). Elle est alors envoyée à Montréal où elle agit probablement comme domestique dans la demeure du marchand Étienne Volant de Radisson.

Elle réside à Montréal jusqu’en 1740 alors qu’elle est vendue à Marc-Antoine Huart de Dormicourt, un résident de Québec. Celui-ci l’accuse de vol et de libertinage. C’est à ce moment qu’elle entame des procédures judiciaires pour faire reconnaître qu’elle est née libre et non esclave. Elle est représentée par Jacques Nouette de la Poufellerie. Les archives judicaires révèlent que Marguerite affirme être la fille de François-Antoine Lefebvre Duplessis et d’une femme libre. Elle s’adresse donc aux autorités en revendiquant qu’elle est une femme libre et sujette du roi de France.

C’est la première fois qu’un tel procès se déroule dans la colonie. Sa cause se rend jusqu’au Conseil supérieur de Québec, la plus haute instance judiciaire de la Nouvelle-France. Marguerite perd sa cause et on perd sa trace après qu’elle ait été déportée vers la Martinique après que le jugement ait été rendu le 30 octobre 1740.

Publication le 15 juin 2023.

Signature de Marguerite Duplessis tiré de : « Procès opposant Marc-Antoine Huard de Dormicourt, à Marguerite Duplessis Radisson, se disant la fille naturelle de feu sieur Duplessis Faber (Lefebvre), frère du sieur Duplessis Faber, résidant à Montréal, capitaine d’une compagnie dans les troupes de la Marine, qui conteste le fait qu’elle soit une esclave, et plus particulièrement celle du sieur Dormicourt » disponible en ligne au https://numerique.banq.qc.ca/patrim…/details/52327/3347843

Références:


XIXème siècle

Émilie Fortin-Tremblay (1872-1949)

Rédaction :

Née à Saint-Joseph d’Alma en janvier 1872 dans une famille de défricheurs, Émilie Fortin a émigré en Nouvelle-Angleterre alors qu’elle avait 15 ans. En 1893, elle se marie avec Nolasque Tremblay, aussi originaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais qui travaille depuis six ans comme prospecteur au Yukon. Ils quittent donc les États-Unis en 1894 pour s’installer au Yukon.

Émilie Fortin-Tremblay serait alors la première femme non autochtone à traverser la chaîne Côtière du Pacifique par le col Chilkoot, pour arriver dans la région de Dawson en descendant le fleuve Yukon. Jusqu’en 1913, le couple se promène de concession en concession, en pleine ruée vers l’or.

En 1913, ils s’installent à Dawson, où Émilie ouvre un magasin de vêtements pour dames, en plus d’être engagée bénévolement dans la vie sociale de la municipalité. Elle se distingue par son implication: elle fonde notamment le groupe Ladies of the Golden North et préside le Yukon Women Pioneers. Elle s’investie aussi auprès des enfants de la communauté yukonnaise.

L’école primaire francophone de Whitehorse, au Yukon, est aujourd’hui nommée en son honneur.

Publication le 21 novembre 2024.

Émilie Fortin-Tremblay en 1937, dans M. Bobillier, O.M.I., Une pionnière du Yukon, Madame Émilie Tremblay, la première femme blanche qui franchit la Chilcoot Pass d’après ses souvenirs, Publications de la Société Historique du Saguenay, Chicoutimi, 1948.

Références:

  • Association franco-yukonnaise, «FORTIN (TREMBLAY), Émilie (Émélie)», Empreinte. La présence francophone au Yukon (1825-1950), 1997, p.126-127.
  • Exposition itinérante De fil en histoires réalisée par l’Odyssée des Bâtisseurs pour l’Association franco-yukonnaise, 2018.
  • Exposition itinérante Têtes d’affiche, volet Saguenay–Lac-Saint-Jean, présentée à l’Odyssée des Bâtisseurs, 2019.
  • Société d’histoire du Lac-Saint-Jean, «Émilie Fortin-Tremblay, pionnière du Yukon», Dossier F1000,S11,SS1,D4 

Éva Bouchard (1885-1949)

Rédaction : Musée Louis-Hémon, revisité par Samuel Dupras.

Lorsque le roman Maria Chapdelaine paraît au milieu des années 1910, seulement quelques amateurs de littérature s’enthousiasment pour ce roman agriculturiste. Parmi eux, le journaliste Damase Potvin décide de mener une enquête pour retrouver les personnes qui auraient inspiré l’auteur français Louis Hémon lors de son passage à Péribonka en 1912.

Dans un article du Terroir paru en 1918, il déclare alors que Maria Chapdelaine est en réalité Éva Bouchard, sœur de Laura Bouchard chez qui l’écrivain a logé alors qu’il était à l’emploi de la famille.
Née à Saint-Prime, en février 1885, Éva Bouchard est pourtant l’antithèse de l’héroïne de Hémon. Instruite par les Ursulines de Roberval, elle intègre brièvement les Sœurs blanches d’Afrique et enseigne à Saint-Amédée de Péribonka ainsi qu’au Lac-Bouchette.

Comme la plupart des gens de Péribonka de l’époque, Éva Bouchard n’a qu’une piètre opinion de Louis Hémon. Il faut dire que le roman Maria Chapdelaine a été assez mal accueilli au Lac-Saint-Jean où on a l’impression que l’écrivain français a violé l’intimité des gens du village en les exposant dans les pages de son récit. Toutefois, depuis le succès international que connaît le roman après sa réédition par l’éditeur français Grasset en 1921, de nombreux visiteurs affluent sur les lieux où se déroule le récit et cherchent à rencontrer celle qui aurait inspiré Hémon.

D’abord insultée d’avoir été associée à Maria Chapdelaine, Éva Bouchard se prête peu à peu au jeu et finit par endosser le rôle qu’on cherchait à lui attribuer. À compter de 1928, elle prononce des conférences et participe à de nombreux événements littéraires et patriotiques au Québec, en Ontario, aux États-Unis et en France. Dix ans plus tard, lorsqu’on ouvre les portes du Musée Maria-Chapdelaine à Péribonka, au sein même de la maison où Louis Hémon a été hébergé, elle en devient naturellement la gardienne. Elle y reçoit les touristes venus des quatre coins du monde et entretient une importante correspondance sous l’identité de Maria Chapdelaine. En plus d’avoir contribué à la renommée internationale du roman, elle aura su s’assurer de la pérennité de ce que deviendra le Musée Louis-Hémon.

Éva Bouchard est décédée le 23 décembre 1949. Elle repose dans le cimetière de Péribonka, sous l’épitaphe « Éva Bouchard (Maria Chapdelaine) ».

Publication le 8 octobre 2024.


XXème siècle

Les allumettières de Hull

Rédaction :

En 1854, la fabrique d’allumettes E.B. Eddy s’installe à Hull. Leur main-d’œuvre est principalement composée de jeunes filles, âgées entre 15 à 20 ans, mais parfois plus jeunes, quelquefois plus vieilles. Ces filles sont embauchées pour empaqueter les allumettes dans les boîtes en carton. C’est un travail difficile : il faut que les travailleuses fassent preuve de dextérité tout en maintenant une cadence rapide. Elles doivent remplir 36 boîtes en seulement 4 minutes. Malgré cela, leur travail est considéré comme un emploi non spécialisé, donc moins rémunéré.

Ce sont en majorité des Canadiennes françaises originaires de régions rurales, arrivées à Hull avec leur famille pour se trouver un emploi en ville. On pourrait penser que leur salaire n’était qu’un revenu d’appoint pour aider leur chef de famille. Au contraire, leur revenu était essentiel pour que leur famille arrive à joindre les deux bouts, surtout dans les cas où le père a un emploi saisonnier. En période de chômage, les membres de la famille comptent sur le salaire de leurs filles allumettières pour survivre.

Leur travail est également dangereux. Outre les nombreux incendies déclenchés par la friction des allumettes, l’utilisation du phosphore blanc dans la fabrication s’avère nocive pour leur santé. Les allumettières sont touchées par la nécrose maxillaire, une maladie qui détruit les os de la mâchoire et entraîne l’extraction complète des dents et souvent l’ablation de la mâchoire. Il est même arrivé qu’elles décèdent des suites de la maladie.

Au cours des années 1910 et 1920, les travailleuses vont former un syndicat pour demander de meilleures conditions de travail. Elles vont déclencher deux grèves, en 1919 et en 1924, mais n’obtiendront que peu de gains face à la partie patronale. Finalement, la compagnie ferme en 1928 et se délocalise à ce moment; les allumettières de Hull perdent ainsi leur maigre gagne-pain.

Publication le 20 octobre 2022.

Les allumettières de la compagnie E. B. Eddy, à Hull (aujourd’hui Gatineau), en 19?. Réseau du patrimoine de Gatineau et de l’Outaouais / domaine public. Tirée de la page web <https://ici.radio-canada.ca/…/allumettieres-outaouais…>, consultée le 19 octobre 2022.

Références :
Kathleen Durocher, Pour sortir les allumettières de l’ombre : Les ouvrières de la manufacture d’allumettes E. B. Eddy de Hull (1854-1928), Presses de l’Université d’Ottawa, 2022.

Les femmes dans les camps de bûcheron

Rédaction :

Durant la première moitié du XXe siècle au Québec, l’industrie forestière, et plus particulièrement le secteur des pâtes et papier, est en plein essor. Pour répondre à demande, de nombreuses familles s’installent dans les camps de bûcherons afin de contribuer à l’abatage des arbres durant l’hiver. Dans l’imaginaire collectif québécois, ces camps sont des lieux typiquement associés aux forces de travail masculines Or, les femmes y sont également bien présentes et y jouent un rôle fondamental. Si la majorité d’entre elles sont cuisinières ou effectuent les tâches ménagères, plusieurs occupent des emplois non-traditionnels, notamment de mesureuses de bois, de conductrices de véhicules forestiers, ou carrément de bûcheronnes ! Malgré tout, les conditions de travail demeurent particulièrement difficiles. Les cuisinières, par exemple, travaillent tous les jours du matin au soir, étant donné qu’elles doivent servir d’impressionnantes quantités de nourriture quotidiennement.

Dans les camps, les conditions de vie sont tout aussi pénibles : hygiène déficiente, infections et punaises de lit ne sont pas rares. Par ailleurs, les femmes doivent apprendre à jongler entre leur occupation de mère et leur travail rémunéré. À l’âge scolaire, les enfants logent en pension au village ou dans la parenté, puis, à l’adolescence, ils et elles rejoignent leur famille dans les camps pour y travailler.

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les conditions dans les camps changent radicalement pour les femmes. Celles-ci occupent davantage d’emplois non-traditionnels et sont souvent mieux outillées pour ce faire grâce aux avancées techniques et syndicales. De nos jours, les femmes occupent 14% des emplois au sein de l’industrie forestière.

Publication le 13 octobre 2022.

Références :

  • Raymonde Beaudoin, La Vie dans les camps de bûcherons au temps de la pitoune, Septentrion, 2016.
  • Marie-Eve B. Alarie, «Ces femmes qui ont fait leur place », L’Écho de Maskinongé, 15 juillet 2019. www.lechodemaskinonge.com/culture/ces-femmes-qui-ont-fait-leur-place/
  • Dubé, Michael, Le travail et la vie des femmes dans les camps de bûcherons et forêts du Restigouche : 1945 – 1996. Mémoire de maîtrise, Université de Moncton, 2012.

Les femmes de Guyenne et le modèle coopératif

Rédaction :

Quittant la ville en 1946 dans l’espoir de créer un modèle d’agriculture coopératif, les habitants de Guyenne, en Abitibi, surnommé La petite Russie, fondent espoir sur celui-ci afin de vivre dans l’autosuffisance. 50 % du salaire des travailleurs est versé à la communauté, et comme il n’y a ni maire, ni conseil municipal, les décisions sont prises par les membres de la coopérative. Seuls les hommes y sont admis et les femmes doivent alors se cantonner dans leur rôle d’épouses et de femmes au foyer.

Cependant, cela n’empêche pas les femmes de s’impliquer dans la communauté et de se tenir debout pour faire valoir leurs droits tout en soutenant leurs maris et en s’occupant de leur foyer.

Parmi les pionnières de Guyenne, notons Antoinette Boudrias, qui met sur pied un chapitre du Cercle des fermières afin de réunir les femmes et de les briser de leur isolement, ainsi que Yolande Desharnais, qui joue un rôle important au sein du groupe de femmes qui font pression pour qu’elles puissent accéder aux assemblées générales. Cette bataille est gagnée en 1969, soit plus de vingt ans après la fondation de la paroisse.

C’est à ces personnages féminins que Francis Desharnais a voulu rendre hommage dans le roman graphique La petite Russie, paru en 2018 aux éditions Pow Pow. Décrivant ainsi une histoire peu connue du Québec, il y démontre que les femmes de sa famille ont joué un rôle important dans cette petite communauté tissée serrée, où la coopération et l’entraide est une valeur importante.

Publication le 27 octobre 2022.

Page couverture du roman graphique La petite Russie. © Pow Pow