Marie-Ange Leduc a entre 19 et 29 ans quand elle mitraille de sa caméra ses neveux, sa nièce et ses fils. Par la magie de ses images, les couples se forment, les petits naissent, grandissent, envahissent la rue. En toile de fond, le quartier Laurier Est émerge de la terre. C’était il y a cent ans.
* * *
« J’ai suivi ces récits, je dirais, rue par rue, maison par maison, et bien sûr saison après saison. La première raison de mon goût pour ces chroniques, c’est mon amitié pour Dominique Nantel Bergeron, et parce que la regarder remonter son arbre pour en cueillir les fruits les plus tendres, ceux de l’enfance, me permettait de mieux la connaître. Le fait que ce soit dans son cas un pommier ne m’a pas empêché d’y voir un manguier. De faire miennes des émotions si intimes de sa part qu’elles caressent la racine de sa sensibilité. Plus Dominique remontait dans le temps, plus nos branches s’entrelaçaient. Mais la raison, c’est son ton calme.
Qui n’exclut pourtant pas la guerre, ni les difficultés d’une époque imprévisible, et surtout sa capacité à croiser de grands événements à de vifs éclats de la vie la plus ordinaire. C’est de ce frottement que jaillit l’émotion qui, elle, touche au cœur. »
Dany Laferrière, 5 août 2023