XIXème siècle
Sally E. Wood (1857-1928)
Rédaction :
Sally Elizabeth Wood (1857-1928) est une photographe professionnelle qui possède son propre studio de photographie dans la région de Knowlton, entre 1897 et 1907. Elle aurait été formée par le célèbre William Notman de Montréal, avant de s’établir dans sa région natale et de travailler pour le photographe John A. Wheeler. Celui-ci prend sa retraite quelques années plus tard, et Sally ouvre son propre studio à ce moment.
Photographiant autant des portraits d’individus et de familles, que des scènes de la vie quotidienne, ou des paysages des Cantons de l’Est, Sally se démarque par sa polyvalence, mais surtout par sa grande sensibilité. Sa manière exceptionnelle de nous présenter le sujet de la photo, est comme une invitation à nous faire dépasser notre rôle de spectateur pour entrer aussi dans ce décor. En 1905, la maison d’édition écossaise Valentine’s & Sons publie une série de ses photographies de paysages en cartes postales.
L’an dernier, le Musée Lac-Brome Museum a réalisé une exposition posthume de Sally E. Wood et John A. Wheeler, et a publié un magnifique catalogue de cette exposition, qui est devenue virtuelle sur le site web du musée. Le musée possède également le fonds d’archives de Sally E. Wood, dont quelques photographies sont accessibles à la consultation sur le site web des archives des Cantons de l’Est, à cette adresse : https://www.townshipsarchives.ca/sally-e-wood-fonds
Sally E. Wood prouve qu’en tant que femme, elle est assez forte pour transporter elle-même son matériel, lourdement chargée, d’un endroit à l’autre, pour effectuer ses prises de vues en extérieurs. Comme l’explique Jeremy Reeves, dans Wood & Wheeler : « elle utilise le portrait en photographie comme un moyen pour explorer le monde et, par le fait même, échapper à l’univers clos dans lequel les femmes étaient enfermées » (p.190).
Publication le 18 août 2022.
Références :
Reeves, Jeremy, Wood & Wheeler, Knowlton : Brome County Historical Society, 2021.
Vallières, Luce, « Sally E. Wood (1857-1928): les photographes femmes au tournant du 20e siècle au Québec », Rendez-vous d’histoire de Québec, conférence prononcée le 12 août 2022
XXème siècle
Marie-Ange Leduc (1901-1992)
Rédaction :
Marie-Ange Leduc, fille de Florentine Vinet (1871-1915) et de Louis-Oscar Leduc (1867-1908), naît à Beauharnois en 1901. Elle est l’avant-dernière d’une fratrie de six enfants. Fait exceptionnel pour l’époque et qui dénote une certaine aisance chez les Leduc – le père était marchand de charbon-, garçons et filles ont accès à l’éducation. Marie-Ange Leduc et ses sœurs fréquentent le couvent des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie de Beauharnois.
Orpheline à l’âge de quatorze ans, Marie-Ange poursuit ses études jusqu’à la dixième année. Elle s’installe ensuite à Montréal chez sa sœur aînée, Anita Leduc. Marie-Ange, qui sait lire et écrire, se voit offrir un poste de travail de bureau à la pharmacie Leduc situé au carré Chaboillez, à l’angle Notre-Dame et de l’Inspecteur. Le Dr Leduc engage également Louis Bergeron, comme commis pharmacien.
Les femmes se sont emparées de l’appareil photo à partir de son invention en 1839. Dans sa vingtaine, Marie-Ange Leduc s’empare de ce nouveau médium et en fait un de ses modes d’expression. Elle dirige son objectif, possiblement un modèle Brownie de Kodak, sur les enfants, leurs jeux, les rues, immortalisant en toile de fond le quartier Laurier Est. Des photos amateur qu’elle a soigneusement gardées et qui permettent de documenter l’époque. Par ces deux gestes, l’un artistique, l’autre un souci de conservation, nous pouvons, grâce à elle, nous tenir à ses côtés, témoin du regard qu’elle a porté sur le quotidien de ce quartier de Montréal en pleine émergence.
Après son mariage avec Louis Bergeron en 1925, Marie-Ange Leduc donne naissance à huit enfants, des grossesses qui s’étalent sur deux décennies. La vie de famille ne lui laissera plus beaucoup de répits par la suite. Elle conservera cependant ses trésors dans une valise qui a traversé le siècle jusqu’à nous. Elle s’éteint en 1992 mais le regard qu’elle a porté sur le monde qui l’entourait reste vivant.
Retrouvez sur le blogue de la Société d’histoire du Plateau-Mont-royal les douze Scènes de rue centenaires qui présentent des photos prises par Marie-Ange Leduc entre 1920 et 1931 :
https://blogue.histoireplateau.org/2022/10/04/les-leduc-dans-laurier-est-1920-1931/
Publication le 10 août 2023.
Gabrielle Messier (1904-2003)
Rédaction : Louise Langevin, de la Société d’histoire et de généalogie de Belœil—Mont-Saint-Hilaire
Née à Mont-Saint-Hilaire dans une famille de huit enfants, Gabrielle se passionne très tôt pour le dessin et la peinture. Grâce à sa formation artistique qui ne débute qu’en 1924, elle développe le plaisir de travailler avec les couleurs et les textures. Auprès d’Ozias Leduc, en 1940, elle acquiert une culture artistique, l’art de la composition et celui de la perspective. Puis, Leduc lui demande d’exécuter son portrait et reconnaît ainsi le talent de Gabrielle dont il fait son assistante dans la décoration de l’église Notre-Dame-de-la-Présentation à Shawinigan. Après le décès du maître en 1955, c’est Gabrielle qui termine l’œuvre.
Revenue de Paris en 1957, Gabrielle Messier crée son atelier d’art à Mont-Saint-Hilaire où elle accueille des groupes d’enfants et des adultes. Elle peint quelques portraits, plusieurs natures mortes et surtout des paysages habités, et elle collabore au film Correlieu tourné en 1957 dans l’atelier d’Ozias Leduc dont elle est chargée de compiler les archives. Ses œuvres sont exposées dans plusieurs galeries et, en 1979, une de ses œuvres, «La maison natale du peintre Ozias Leduc», entre au Musée du Québec. En 1984, son apport est largement souligné dans le documentaire Ozias Leduc, peintre-décorateur d’églises, réalisé par l’ONF.
Gabrielle quitte Mont-Saint-Hilaire en 1987 et termine sa vie, presque centenaire, en 2003 à Caplan dans la Baie-des-Chaleurs où elle peint surtout des marines. Ses œuvres – plus de 675– sont dispersées auprès de collectionneurs privés et logent dans quelques musées, dont ceux de Joliette, de Bonaventure (acadien), des Beaux-arts de Québec. En 1994, le Musée des Beaux-Arts de Mont-Saint-Hilaire organise une deuxième exposition regroupant 80 tableaux et dessins de l’artiste.
Décrite comme une femme sensible, généreuse et optimiste, elle laisse une œuvre descriptive et suggestive, inspirée par la nature. Voilà une artiste remarquable, une pédagogue des arts et une femme de cœur à inscrire dans l’histoire.
Publication le 3 août 2023.
Références :
MESSIER, Robert. « Gabrielle Messier ou l’art de toute une vie », Cahier d’histoire, Société d’histoire et de généalogie de Belœil–Mont-Saint-Hilaire, 1997, no 52, p. 27 à 42
BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC. Notice sur le fonds Gabrielle Messier. En ligne [https://advitam.banq.qc.ca/notice/676786].
Marian Dale Scott (1906-1993)
Rédaction :
Née à Montréal en 1906, Marian Dale Scott montre rapidement un grand intérêt pour la peinture. Dès l’âge de onze ans, elle suit des cours de peinture auprès de William Brymner, peintre réputé de l’Art Association of Montreal (connue aujourd’hui sous le nom de Musée des beaux-arts de Montréal) et ensuite à l’École des beaux-arts de Montréal. Elle étudie également à la Slade School of fine art de Londres. Elle juge néanmoins l’enseignement inintéressant et conservateur, étant donné qu’il suit la tradition académique, ensemble de principes rigoureux prônant entre autres la hiérarchie des genres artistiques et l’étude du nu. La pratique de Marian Dale Scott est au contraire influencée par les courants modernistes, notamment par le cubisme, mais également par les œuvres du Groupe des sept, association artistique célèbre au Canada. Dans cet ordre d’idées, elle cofonde avec l’artiste John Lyman, la Société d’art contemporain de Montréal, qui valorise l’art non académique montréalais. En 1927, elle épouse Frank R. Scott, poète et homme politique avec qui elle fréquente les milieux intellectuels anglo-montréalais.
Dans ses œuvres, Marian Dale Scott emploie une grande variété de style et de techniques picturales. Par exemple, au début de sa carrière, elle explore plusieurs sujets, allant des interactions humaines, à la botanique, en passant par le paysage et les scènes urbaines et semi-industrielles. En 1942, elle réalise une murale pour la Faculté de médecine de l’Université McGill, ce qui l’amène à s’intéresser davantage au monde microscopique et cellulaire en peinture. Durant les années 1960, son style est de plus en plus abstrait étant donné qu’elle expérimente l’art gestuel, avant de revenir à la représentation géométrique et linéaire dans les années 1970. En 1973, elle est nommée à l’Académie royale des arts du Canada. Au total, la carrière de Marian Dale Scott s’est étendue sur plus de 70 ans, puisqu’elle n’arrête de peindre que quelques mois avant son décès en 1993. Son œuvre, de plus en plus étudiée, est particulièrement emblématique de l’évolution de l’art moderne au Québec.
Publication le 25 août 2022.
Références :
Monique Brunet-Weinmann. (1981). Marian Dale Scott : phare de la modernité. Entretien. Vie des Arts, 44 (179), pp.51.
Esther Trépanier. (2000). Marian Dale Scott : Pionnière de l’art moderne, Ville de Québec, Musée du Québec, 300 p.
Mia Riddez (1914-1995)
Rédaction :
Née à Lyon, le 28 février 1914, Mia Riddez provient d’une famille d’artistes. Immigrant avec sa famille au Québec en 1920, Mia s’initie très jeune à l’art dramatique. Sa formation la mène de Montréal à Paris, où elle fait l’école de cinéma et apparait dans quelques films français. Elle poursuit sa carrière à New York, puis revient jouer dans les théâtres de Montréal, dans le milieu des années 1930.
En 1938, elle épouse Louis Morisset, journaliste à CKAC et écrivain dramatique. Les radioromans étant alors très populaires, elle laisse les planches pour jouer à la radio. On la retrouve dans des émissions telles que « La pension Velder » et « Les belles histoires des pays d’en haut ». C’est aussi à cette époque que Mia débute l’écriture avec son mari. Cette collaboration demeure cependant secrète jusqu’à la mort de Louis en 1968.
Au milieu des années 1950, elle devient la première femme à accéder au poste de présidente de l’Union des artistes, organisme visant à protéger les artistes ainsi que leurs droits. Elle démocratise le rôle de l’UDA et fait des artistes un enjeu politique.
Après le décès de son mari, elle abandonne sa carrière de comédienne pour se concentrer à l’écriture de téléromans. Elle poursuit celle de « Rue des Pignons », amorcée en 1966 et ce, jusqu’en 1977. Elle est également l’auteure des téléromans « Terre humaine » (1977-1984) et « Le grand remous » (1989-1991).
Mia Riddez décède le 13 octobre 1995, léguant ainsi un héritage où la place des femmes dans la culture a pris une importance capitale. Le parcours et les réalisations de Mia Riddez ont encouragé bien des femmes, dont sa petite-fille, Dominique Drouin, à œuvrer dans le domaine culturel. Assistant sa grand-mère dans des projets au cours des années 1970-1980, cette dernière est aujourd’hui auteure de romans, tels que la série « De mères en filles », et participe à la scénarisation de téléromans tels de « l’Échappée ».
Publication le 11 août 2022.
Références :
S.N. – Riddez, Mia. – Artus : répertoire des artistes du Québec. (URL : https://artus.ca/riddez-mia/).
Joséphine Bacon (1947- )
Rédaction :
Surtout connue en tant que poète et réalisatrice innue, Joséphine Bacon est également traductrice, conférencière et enseignante d’innu-aimun. Elle a collaboré à plusieurs documentaires, courts métrages et séries télévisées. Notamment, elle a réalisé les films Ameshkuatan – Les sorties du castor (1978) et Tshishe Mishtikuashisht – Le petit grand européen : Johan Beetz (1997).
Ce n’est qu’en 2008 que le public découvre ses talents de poète dans l’œuvre collective Aimititau ! Parlons-nous ! Un an plus tard, elle publie son premier recueil bilingue Tshissinuatshitakana / Bâtons à message. Elle traduit ses poèmes en innu-aimun pour que les ainé·e·s puissent lire sa poésie, mais aussi pour conserver la richesse des mots de sa langue maternelle. En 2013, elle fait paraitre Nipishapui nete mushuat / Un thé dans la toundra et en 2018, Uiesh / Quelque part en plus d’avoir contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Par son art, elle inspire toute une génération d’artistes!
Son travail pour la préservation de la langue et de la culture innue a été reconnu par l’Université Laval qui lui a accordé un doctorat honoris causa. Elle a également reçu plusieurs prix littéraires.
Publication le 4 août 2022.
Références :
Pour découvrir une partie de l’univers de Joséphine Bacon, consultez le documentaire Je m’appelle humain de Kim O’Bomsawin. https://ici.tou.tv/je-m-appelle-humain