
XIXème siècle
Un trio de botanistes à Sillery
Rédaction : Société d’histoire de Sillery
Dans la première moitié du XIXe siècle, trois femmes ont contribué de façon remarquable au développement des connaissances en botanique et en sciences naturelles à Sillery (Québec). De concert, elles ont effectué la recension de centaines d’espèces de la flore et de la faune locales, en plus de publier leurs découvertes dans des revues scientifiques émergentes. Il s’agit de Lady Harriet Sheppard (née Campbell), de Lady Christian Ramsay (née Broun), comtesse de Dalhousie et de Lady Anne Mary Perceval (née Flower). Brefs portraits de trois femmes d’avant-garde :
𝑳𝒂𝒅𝒚 𝑯𝒂𝒓𝒓𝒊𝒆𝒕 𝑺𝒉𝒆𝒑𝒑𝒂𝒓𝒅
Lady Sheppard est l’épouse de William Sheppard, propriétaire du domaine Woodfield (aujourd’hui le cimetière Saint-Patrick, Québec). Lady Sheppard est principalement connue pour sa contribution à l’ouvrage 𝐹𝑙𝑜𝑟𝑎 𝑏𝑜𝑟𝑒𝑎𝑙𝑖-𝑎𝑚𝑒𝑟𝑖𝑐𝑎𝑛𝑎 écrit par le botaniste anglais William Jackson Hooker. Elle publie également un texte portant sur les chants d’oiseaux 𝘕𝘰𝘵𝘦𝘴 𝘰𝘯 𝘴𝘰𝘮𝘦 𝘰𝘧 𝘵𝘩𝘦 𝘊𝘢𝘯𝘢𝘥𝘪𝘢𝘯 𝘴𝘰𝘯𝘨𝘣𝘪𝘳𝘥𝘴, sujet qu’elle a également présenté dans le cadre de conférences. Par cette publication, elle devient la première personne à publier un texte sur les oiseaux de la ville de Québec.
𝑳𝒂𝒅𝒚 𝑪𝒉𝒓𝒊𝒔𝒕𝒊𝒂𝒏 𝑹𝒂𝒎𝒔𝒂𝒚, 𝒄𝒐𝒎𝒕𝒆𝒔𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝑫𝒂𝒍𝒉𝒐𝒖𝒔𝒊𝒆
Au même moment, la comtesse de Dalhousie récolte de nombreux spécimens horticoles qu’elle exporte en Europe notamment à l’université d’Édimbourg et château de Dalhousie, en Écosse. Par ailleurs, en 1827, lors d’une conférence présentée à la Société historique et littéraire de Québec, elle présente une impressionnante collection de 382 plantes. Fait intéressant : on attribue, en son honneur, l’appellation scientifique Dalhousiea à une variété de légumineuse jusque-là inconnue.
𝑳𝒂𝒅𝒚 𝑨𝒏𝒏𝒆 𝑴𝒂𝒓𝒚 𝑷𝒆𝒓𝒄𝒆𝒗𝒂𝒍
Enfin, la dernière figure du trio est Lady Anne Mary Perceval, châtelaine de Spencer Wood, (sur le site du Bois-de-Coulonge aujourd’hui). Tout au long de sa vie, elle aurait découvert ou identifié pas moins de 150 nouvelles espèces de plantes d’Amérique. Aujourd’hui, le Muséum d’histoire naturelle de Paris présente plusieurs de ses spécimens. L’herbier de l’établissement contient notamment le vératre vert, une espèce illustrée pour la première fois par le missionnaire jésuite Louis Nicolas au XVIIe siècle. Elle décède en 1876 à l’âge de 86 ans.
Les trois botanistes sont considérées comme des pionnières dans le domaine de la botanique canadienne.

Publication le 23 février 2023.

Références:
- Alain Asselin et al. Curieuses histoires de plantes du Canada, 1760-1867. Québec, Septentrion, tome 3, 2017.
- André Bernier, Le Vieux-Sillery. Québec, Les cahiers du patrimoine, Ministère des affaires culturelles, 1977, p. 73
- Suzanne Hardy, Trois grandes dames botanistes à Sillery au XIXe siècle, 1999, vol. 13, no 1

Carrie Derick (1862-1941)
Rédaction :
Carrie Mathilda Derick nait le 14 janvier 1862 à Clarenceville (aujourd’hui Saint-Georges-de-Clarenceville) Québec.
Elle étudiera à l’académie de Clarenceville. Dès ses 15 ans elle enseignera à cette même institution tout en poursuivant une formation à l’École normale de McGill. Par la suite, en 1890 elle obtiendra un baccalauréat en sciences naturelles en se distinguant avec la moyenne la plus élevée de 94% de l’université McGill. Puis elle obtiendra sa maîtrise en botanique en 1896. De 1901 à1902 elle fréquentera l’Université de Bonn, en Allemagne et terminera les recherches requises pour un doctorat. Toutefois elle ne recevra pas de diplôme parce qu’on ne décerne pas de doctorat aux femmes à cette époque.
Elle se perfectionnera également à l’Université Harvard, au Royal College of Science de Londres et au Marine Biological Laboratory de Woods Hole, Massachussetts.
Ses études ne la conduira pas cependant à un poste de professeur mais d’assistante avec des salaires toujours moindre que ceux alloués aux confrères masculins.
Malgré tout, elle fondera le département de génétique de l’Université McGill, créera le cours Évolution et génétique (le premier du genre au Canada). Elle sera l’une des rares femmes à figurer dans la liste des American Men of Science (1910).
En 1929, en raison de santé elle prendra sa retraite et l’Université McGill lui décernera le titre honorifique de «professeur émérite» faisant d’elle la première femme professeur émérite au Canada.
En parallèle, elle fut une cheffe de file du féminisme naissant : droit à l’éducation, au vote et au travail. Elle appuya publiquement le contrôle des naissance au Canada.
Une rue Carrie-Derick porte son nom dans le sud-ouest de Montréal et un prix a été créé en son honneur pour la supervision et l’enseignement aux cycles supérieurs.
En 2007 Derick a été désignée comme personnage historique national.
Elle s’éteint le 10 novembre 1941 à Montréal en laissant des travaux reconnus à l’échelle internationale, cofondatrice du Conseil national des femmes du Canada, pionnière de la génétique et une militante pour l’égalité des genres
Publication le 28 novembre 2024.

Références:
- Baneen Haideri,« Carrie Derick », Moments déterminants Canada, https://definingmomentscanada.ca/fr/insuline100/stem-women/carrie-derick/
- Maryse Darsigny , Une féministe devient la première femme professeur à McGill, Ces femmes qui ont bâti Montréal, éditions du Remue-ménage,1992
- « Carrie Derick », Wikipedia

Maude Abbott (1868-1940)
Rédaction :
Née en 1868 à Saint-André-d’Argenteuil, Maude Elizabeth Seymour Babin se retrouve orpheline à 18 mois lorsque sa mère meurt et que son père les abandonne, elle et sa soeur aînée. Les soeurs sont adoptées par leur grand-mère maternelle, qui leur donne le patronyme de leur mère, Abbott.
Les sœurs reçoivent une éducation primaire à la maison, auprès de tuteurs privés. Par la suite, Maude veut poursuivre ses études au niveau supérieur, ce qui est rare pour les femmes à cette époque. Elle est diplômée en enseignement, avec un baccalauréat ès arts de l’Université McGill. Maude décide de devenir médecin, et elle reçoit les encouragements de sa grand-mère, qui lui dit : « Chère enfant, tu peux être tout ce que tu désires ». Elle postule à la Faculté de médecine de l’Université McGill, qui rejette sa candidature parce qu’ils n’admettent pas les femmes dans ce programme. Maude ne se décourage pas et est admise en médecine au Bishop’s College de Lennoxville (future Université Bishop). Elle y obtient son doctorat en 1894, ainsi que le prix du chancelier car elle obtient les meilleurs résultats aux examens finaux.
Après un séjour de trois ans en Europe, où elle poursuit sa formation, elle revient à Montréal et commence une pratique privée en ouvrant son propre cabinet, où elle soigne surtout des femmes et des enfants. En 1898, elle devient conservatrice adjointe du Musée médical de l’Université McGill; elle en est la conservatrice principale en 1901. Maude commence à faire des présentations informelles de cette collection médicale aux étudiants en médecine. Au début, ce n’est pas obligatoire d’y assister; cependant, devant la popularité de cette initiative, dès 1904, cela fait partie du programme d’études.
Durant cette période, elle se rend dans plusieurs universités pour observer comment est fait le classement de leurs collections médicales, pour s’en inspirer. Elle rencontre ainsi le docteur William Osler, qui deviendra un mentor pour elle. Quelques années plus tard, le docteur Osler lui demande de rédiger un chapitre sur les maladies cardiaques congénitales, pour l’intégrer dans le livre qu’il veut publier. L’article qu’elle écrit est si bon qu’Osler dira à tout le monde que « c’est la meilleure chose jamais écrite sur le sujet ».
Maude reçoit un doctorat honorifique de médecine de l’Université McGill, en 1910, en reconnaissance de son travail pour l’université, alors que les femmes n’y seront admises en faculté de médecine qu’en 1917. Forte de ses années de recherche et de conservation au Musée, elle acquiert une expertise dans le domaine des maladies cardiaques congénitales. Elle rédige l’Atlas des maladies cardiaques congénitales, qui sera publié en 1936 et aura un succès immédiat. Ce livre aidera les médecins à comprendre les maladies cardiaques, mieux en faire le diagnostic, et également faire développer de nouvelles méthodes de traitement. Cette avancée consacrera Maude comme une pionnière dans l’histoire de la médecine au Canada et ailleurs dans le monde. Maude décédera en 1940, des suites d’une hémorragie cérébrale. En 2019, le Gouvernement du Québec la désigne comme « personnage historique ».
Publication le 4 mai 2024.

Références:
- « Abbott, Maude », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do…
- « ABBOTT, MAUDE ELIZABETH SEYMOUR », Dictionnaire biographique du Canada, http://www.biographi.ca/…/abbott_maude_elizabeth…
- « Atlas of Congenital Cardiac Disease : aux origines de la chirurgie cardiaque moderne », site web de l’Université McGill, https://www.mcgill.ca/…/10-histoires-en…/maude-abbott
- Jessica Young, « Maude Abbott », dans L’Encyclopédie canadienne, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/…/maude-abbott
- « Maude Abbott », Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Maude_Abbott
- Musée régional d’Argenteuil, « Sur les pas de Maude Abbott », dans Histoires de chez nous, https://www.histoiresdecheznous.ca/…/maude-elizabeth…/
Margaret Fraser (1871-1962)
Rédaction : Société historique de Québec
Margaret Ethel Victoria Fraser est née le 5 octobre 1871 et baptisée le 15 avril 1872 à l’église Chalmer Wesleyan de Québec. Elle est la fille de Donald Fraser, contrôleur à la banque de Montréal et d’Elizabeth Jane Brown, fille de fermier de l’arrondissement de Stoneham. Elle est contemporaine d’Irma Levasseur (1877-1964)
Après des études au Girl’s High School à Québec, elle entre au Morrin College où elle obtient un baccalauréat en arts en 1894. C’est une institution d’abord réservé aux jeunes hommes anglophones et protestants de Québec. L’école a été pionnière en ouvrant ses portes aux jeunes filles et accordant le premier baccalauréat en arts en 1889. Margaret complète par la suite des études en médecine à l’Ontario Medical College for Women à Toronto en 1899.
Elle demande son passeport en 1899 et va d’abord s’établir à Boston et pratiquer au New England Hospital for Women. En 1905 elle déménage à Denver, Colorado où elle ouvre un bureau. Elle travaille également au Denver County Hospital et au Colorado State Board of Health.
Pendant la Première Guerre, parlant français, Margaret dirige l’hôpital américain pour femmes dans la commune de La Ferté-Milon. Elle recevra la Médaille de la Reconnaissance française en 1919.
De retour aux États-Unis, elle fait des études supérieures en gynécologie à New-York et retourne à l’université du Colorado à Boulder pour y travailler dans le domaine de la santé.
En plus de sa pratique en médecine, elle s’est impliquée dans le droit des femmes et est membre de l’American Association of University for Women. Elle a été également cofondatrice du Colorado Mountain Club en 1912 et la seule femme sur son premier conseil d’administration. Ce groupe a joué un rôle important dans la création du parc national des Rocheuses au Colorado.
Margaret décède à Montréal le 3 mars 1962 à l’âge de 90 ans.
Une rue porte son nom dans l’arrondissement de Beauport depuis mars 2022.
Publication le 29 mai 2023.

Références:
- W. A. Kirkwood and A. H. YOUNG. The War Memorial Volume of Trinity College, Toronto. Toronto: Printers Guild, 1922
- « Obituaries : Dr. Margaret Fraser ». The Gazette, Montreal, 14 March 1962, p.7
- March 14, 1962 (page 7 of 36). (1962, Mar 14). The Gazette (1867-2010) Retrieved from https://www.proquest.com/…/marc…/docview/2199047522/se-2
- Ancestry : registres: naissance, mariage, décès de Donald Fraser, Margaret Ffraser , Elizabeth Jane Brown
- Ancestry: recensements: 1851, 1861, 1881, 1891, 1911, 1921,
- Ancestry: residences: Denver 1920 1930, 1940, 1950
- Ancestry: 1919 award military
- Ancestry: 1899 demande de passeport
- Résolution CV-2021-0967 de la Ville de Québec, le 4 octobre 2021; « Margaret Ethel Victoria Fraser », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, site internet, 2021 ; Louisa Blair, Patrick Donovan et Donald Fyson, From Iron Bars to Bookshelves, Québec, Septentrion, 2016. 240 p.
Harriet Brooks (1876-1933)
Rédaction :
Harriet Brooks est la première canadienne à devenir physicienne nucléaire. Elle a conduit des recherches sur la radioactivité, et est une des personnes à qui on attribue la découverte du radon. Elle nait en Ontario, au sein d’une famille de neuf enfants. Sa famille déménage plusieurs fois entre l’Ontario et le Québec, et finit par se fixer à Montréal. Harriet est une des premières femmes à fréquenter l’Université McGill, en 1894. Elle gagne une bourse d’études pour les deux dernières années de son baccalauréat, après que son genre l’ait empêchée d’en recevoir une durant les deux premières années de ses études. Elle gradue avec honneurs en 1898.
Harriet poursuit ses études à la maîtrise auprès du chercheur Ernest Rutherford avec lequel elle étudie l’électromagnétisme, et devient la première femme à terminer sa maîtrise à McGill. Elle réalise son doctorat au Bryn Mawr College en Pennsylvanie. En 1903, elle retourne travailler avec Rutherford à McGill, et fait alors une découverte capitale dans l’étude de la radioactivité : le phénomène d’« énergie de recul » (atomic recoil). En effet, elle démontre que quand on place un matériau non-radioactif dans une chambre radioactive, alors ce matériau devient radioactif. Ce principe sera au cœur des recherches de son mentor Rutherford, qui obtiendra le prix Nobel de chimie en 1908; mais Harriet n’en recevra que peu de crédit à l’époque.
En 1904, elle obtient un poste de tutrice au Barnard College, le collège pour femmes de l’Université Columbia, New York. Plus tard, elle annonce ses fiançailles avec un confrère, et le doyen de l’université a demandé sa démission à ce poste. Harriet a répondu : « J’ai un devoir envers ma profession et mon sexe de démontrer qu’une femme a le droit de pratiquer sa profession, sans être condamnée à l’abandonner seulement parce qu’elle se marie ». Finalement, elle a fini par rompre ses fiançailles et a aussi quitté son poste au Barnard College. Après son mariage avec Frank Pitcher en 1907, elle a fini par laisser tomber ses recherches académiques, par manque d’opportunités d’emploi ailleurs que dans l’enseignement. On présume qu’elle souffrait aussi du syndrome de l’imposteur, car elle déclare que bien des gens pourraient continuer ces recherches à sa place. Harriet décède finalement en 1933, après une maladie du sang. On soupçonne que les radiations auxquelles elle a été exposée ont provoqué une leucémie, ce qui a également causé la mort de Marie Curie l’année suivante.

Publication le 16 février 2023.

Références:
- « Harriet Brooks », Wikipédia, https://en.wikipedia.org/wiki/Harriet_Brooks
- « Harriet Brooks », Encyclopédie canadienne https://www.thecanadianencyclopedia.ca/…/harriet-brooks
- Conférence en ligne du Quebec Anglophone Heritage Network (QAHN) : « The pioneering life and legacy of Harriet Brooks », 24 novembre 2022, https://www.facebook.com/QAHNCanada/videos/538536334756928
Marie-Claire Daveluy (1880-1968)
Rédaction :
Marie-Claire Daveluy est une bibliothécaire de formation, une historienne et une romancière. Elle nait en 1880 à Montréal. Ayant reçu une éducation au couvent des Soeurs de Saints Noms de Jésus et de Marie à Hochelaga, elle sera toute sa vie attachée aux valeurs religieuses prônées par l’Église catholique.
En 1917, elle est engagée pour travailler à la nouvelle Bibliothèque municipale de Montréal, où elle devient responsable de la révision du catalogue de bibliothèque et directrice de la salle de lecture. Elle travaille notamment en compagnie d’Éva Circé-Côté, qui est directrice du catalogue. En parallèle à son travail à la bibliothèque, elle suit une formation en bibliothéconomie à l’Université McGill entre 1917 et 1920, ce qui la prépare à assumer une fonction plus haute : en 1920, on la nomme bibliothécaire adjointe de cette même bibliothèque, et elle en assure la direction générale en l’absence du bibliothécaire, Ægidius Fauteux. Suite au décès de ce dernier en 1941, une campagne est menée pour la nomination de Marie-Claire afin de le remplacer, mais le poste est octroyé à un autre. Marie-Claire prend sa retraite de la Bibliothèque municipale en 1944.
Quelques années auparavant, elle a contribué à fonder l’École des bibliothécaires, à l’Université de Montréal, pour que les bibliothécaires puissent suivre leur formation en français. Marie-Claire dirigera cette école pendant plusieurs années, et y enseignera elle-même plusieurs cours.
Marie-Claire est aussi reconnue pour son travail d’historienne. En effet, elle est la première femme à être admise à la Société historique de Montréal et ce, dès 1917. Elle est consciente qu’elle ouvre la voie aux autres femmes historiennes, car elle fait alors cette déclaration : « De quelle belle largeur d’esprit et d’accueil, vous faites preuve aujourd’hui, Messieurs, en recevant pour la première fois à vos séances, une femme, et avec elle, en principe, d’autres femmes, qui témoigneraient à l’avenir, du même désir, et manifestement le même culte pour notre histoire ».
Marie-Claire rédigera de nombreux romans pour les jeunes, surtout des romans d’aventures historiques dont quelques éléments sont fictifs. Mais elle a également publié plusieurs ouvrages historiques, et était reconnue pour faire un travail de recherche rigoureux dans les archives. Ainsi, en 1919 elle a publié un livre sur l’orphelinat catholique de Montréal, et en 1934, un livre sur la vie de Jeanne Mance. Par la suite, elle a contribué à monter le dossier pour la béatification de Jeanne Mance et pour sa reconnaissance en tant que co-fondatrice de la ville de Montréal. Marie-Claire rédigera de nombreux scénarios pour des petits sketchs et des émissions radiophoniques, dans les années 1940 et 1950.
Marie-Claire décède en 1968 à Montréal, après avoir consacré sa vie à la recherche historique et à la professionnalisation du travail de bibliothécaire. Pour ses accomplissements, elle reçut plusieurs distinctions honorifiques au cours de sa carrière.
Publication le 19 octobre 2023.

Références:
- « Marie-Claire Daveluy », Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Claire_Daveluy
- Louise Bienvenue, « Façonner l’âme d’une nation par l’histoire : La vulgarisation historique, selon Marie-Claire Daveluy (1880–1968) », Revue d’histoire de l’éducation, vol. 32, no 2, automne 2020, pp. 1-26.
- Louise Bienvenue, « Il y a cent ans, une première femme entrait à la Société historique de Montréal : Marie-Claire Daveluy : (1880-1968) », Histoire engagée, 18 décembre 2017, https://histoireengagee.ca/il-y-a-cent-ans-une-premiere…/
- Sur les femmes historiennes en général : Louise Bienvenue et François-O. Dorais, Profession historienne? : Femmes et pratique de l’histoire au Canada français, XIXe-XXe siècle , Presses de l’Université Laval, 2023, 486p.
Marguerite Aubin-Tellier (1895-1977)
Rédaction :
Marguerite Aubin est née à Saint-Ours- sur-Richelieu en 1895, fille de Joseph Lambert Aubin et Léonie Provost. En 1920 elle épouse Paul Tellier et iront s’installer d’abord à Arvida puis à Chicoutimi.
Pour tromper l’ennui malgré ses quatre enfants, elle s’inscrit à des cours par correspondance avec une école de Paris en rédaction et littérature française de 1933 à 1937. Ainsi commence son goût pour l’écriture et en parallèle elle entreprend des recherches en généalogie.
À Chicoutimi en 1940, avec Mme Gilberte Savard-Tremblay, elle met sur pied le premier cercle de la société d’Études et de Conférences du Saguenay. En 1950 elle fonde la bibliothèque municipale et est titulaire de plusieurs séries radiophoniques sur la généalogie. Par deux fois ses publications gagneront le prix littéraire Odette-Lebrun. À l’occasion de l’Année Internationale des femmes en 1975, elle reçoit le titre de femme de l’année même si elle n’y habitera plus.
Les Aubin-Tellier reviennent à Montréal où elle sera reconnue par la société généalogique canadienne-française de Montréal et la société historique de Montréal. On lui décernera une mention d’honneur à titre de membre émérite en 1975.
Après le décès de son mari en 1963, Marguerite Aubin-Tellier s’installe à Boucherville où elle continue à déployer une activité remarquable. Elle apporte au comité de toponymie ses connaissances en généalogie, arts et musique et contribuera au répertoire «Ma rue» qui deviendra en 1984 «Ma rue raconte…son histoire» conjointement avec la ville de Boucherville.
En 1971, elle deviendra l’âme dirigeante de la société d’histoire des Iles-Percées qu’elle cofondera et en sera la première vice-présidente. Elle sera l’instigatrice du comité des publications qui produira la série des Lustucru consacrée à la petite histoire de Boucherville. Elle réalise la monographie de l’église Ste-Famille et sera responsable des fêtes du tricentenaire de Boucherville.
Elle décède le 1 juillet 1977 à 82 ans. Une salle de la bibliothèque de Chicoutimi ainsi qu’une rue à son nom. Elle recevra à titre posthume l’Ordre du Bleuet lors du gala honorifique le 11 juin 2016. À Boucherville, un parc porte fièrement son nom.
Historienne, philanthrope, femme de lettre très active Marguerite Aubin-Tellier imprègne fortement tous les milieux où elle à œuvré. Un fonds MAT existe au Saguenay depuis 2002 sous le nom de la donatrice Louise Tellier Deamen, fille de Marguerite Aubin-Tellier.
Publication le 12 octobre 2023.

Références:
- « Marguerite Aubin Tellier, à la recherche de nos racines », La seigneurie, 24 avril 1985
- Texte lu au Gala de l’Ordre du Bleuet, 11 juin 2016
- Fonds Marguerite Aubin-Tellier Société historique du Saguenay F0482
XXème siècle
Marcelle Gauvreau (1907-1968)
Rédaction : André St-Arnaud
Marcelle Gauvreau est née à Rimouski, le 28 février 1907. Fille du docteur Joseph Gauvreau (1870-1942) et d’Augustine L’Arrivée (1879-1970), elle arrive à Montréal à deux ans. Elle participe étroitement à l’œuvre du frère Marie-Victorin, notamment en élaborant le glossaire et l’index de La flore laurentienne (1935). C’est d’ailleurs avec son appui qu’elle fonde une école unique au Québec : L’école de l’Éveil.
Passionnée de sciences, elle étudie d’abord en arts et sciences au couvent Mont-Sainte-Marie, de 1920 à 1924. Après une courte pause, elle s’inscrit à la faculté de lettres et de philosophie de l’Université de Montréal en 1929, puis à l’Institut de botanique de Montréal, de manière à compléter un certificat de botanique générale et un certificat de botanique systématique en 1931 et 1932. De 1933 à 1939, elle suivra des cours de sciences naturelles, de bibliothéconomie ainsi qu’un cours de floristique donné par le frère Marie-Victorin. En parallèle de ces études qui la menèrent à l’obtention d’une maîtrise en 1939.
Il faut dire que l’éducatrice a beaucoup d’expérience en écriture. Pendant une vingtaine d’années, elle rédigera une chronique mensuelle pour les Cercles des Jeunes Naturalistes, publiée dans la revue L’Oiseau bleu (1932-1940) et dans le journal Le Devoir (1938-1954). En plus de cette chronique, elle a écrit 267 articles destinés principalement aux enfants. Elle a aussi publié deux livres jeunesse : Plantes curieuses de mon pays (1943) et Plantes vagabondes (1959), et plusieurs tracts pour les Cercles des Jeunes Naturalistes (CJN).
Passionnée et dynamique, elle s’est impliquée activement dans la fondation et la gestion de plusieurs organismes.
Elle décéda à Montréal le 16 décembre 1968. Considérée comme une pionnière de l’enseignement au préscolaire, elle a laissé une empreinte profonde dans son milieu.

Publication le 11 février 2023.

Goutte de lait (1910-1970)
Rédaction :
Au début du XX è siècle, 1 enfant sur 4 mourait avant l’âge de 1 an, Montréal connaissait le plus haut taux de mortalité infantile.
Ce n’est qu’à partir de 1910 à Montréal et en 1915 à Québec que les cliniques de la Goutte de lait s’établissent.
Frances Mathilde Barnard est la fondatrice de l’Association de la goutte de lait (1915-1932), service de cliniques de consultation pour nourrissons, d’éducation des mères et de distribution de lait de bonne qualité aux familles pauvres.
Frances Mathilde Barnard est née le 29 mai 1859 à Albany, N.Y. et décède le 3 mars 1938 à Québec. Elle est l’ainée d’une famille de dix enfants où se côtoient les cultures anglophone et francophone. Par son mariage avec le juge Jules Tessier le 27 juin 1882 elle devient québécoise. Elle s’investit alors totalement dans la communauté québécoise de Québec.
Outre son engagement dans le domaine culturel, elle institue en avril 1915 les Gouttes de lait. Sa présidence est marquée par l’ouverture d’une douzaine de cliniques principalement dans les quartiers pauvres de la capitale.
En 1919 elle encourage la création de l’Assistance maternelle de Québec, œuvre qui fournit une aide médicale et matérielle aux femmes enceintes pauvres qui existait déjà depuis 1911 à Montréal.
À Montréal, en 1901, La Patrie ouvre la première Goutte de lait. Une campagne de souscription est lancée mais ce projet ne dure pas. Par la suite, d’autres cliniques s’ouvriront à partir de 1911 dont celle affiliée à l’hôpital Ste-Justine du Dr Irma Levasseur en 1912.
Toutes ces cliniques sont l’œuvre de dames patronnesses, d’infirmières dévouées. Les présidentes se succèdent jusqu’en 1970 où l’œuvre de l’Association québécoise de la Goutte de lait perd son autorité en matière de santé préventive. Le gouvernement du Québec centralisant le domaine de la santé, la sécurité sociale et de la protection maternelle et infantile.

Publication le 21 septembre 2024.

Références:
- Cap-aux-diamants, numéro 28, hiver 1992
- Denyse Baillargeon, Barnard, Frances Mathilde (Tessier), dictionnaire biographique du Canada, vol 16
- Séverin Lachapelle, L’œuvre des Gouttes de lait à Montréal, rapport, 1910
- Madeleine Gleason-Huguenin, Portraits de femmes, édition La Patrie, août 1938, p 256

Alice Elizabeth Johannsen (1911-1992)
Rédaction : Diane Desmarais, Société d’histoire et de généalogie de Belœil Mont-Saint-Hilaire
Alice naît à La Havane en 1911 d’un couple norvégien. Son père, Herman Smith-Johannsen, était ingénieur et sa mère, femme au foyer. Elle est l’aînée de trois enfants qui sont initiés très jeunes aux activités de plein air. La profession de son père l’amène à vivre dans différents pays dont Cuba, la Norvège, les États-Unis et le Canada.
Femme de tête, elle obtient en 1934 un baccalauréat en géologie avec mention de l’Université McGill. Par la suite, elle occupera différents postes en lien avec l’éducation en milieu naturel et la muséologie. En 1942, elle deviendra conservatrice adjointe du Musée Redpath, première étape de ses quarante ans de carrière avec l’Université McGill.
En 1947, elle sera cofondatrice de l’Association des musées canadiens (AMC) qu’elle présidera pendant plusieurs années. De 1952 à 1970, elle dirigera les musées universitaires de McGill, dont le Musée Redpath.
En 1970, Alice Johannsen devient directrice du Domaine Gault du mont Saint-Hilaire que le Brigadier Andrew Hamilton Gault avait légué à l’Université McGill en 1958. Alice y fondera le Centre de conservation de la Nature du mont Saint-Hilaire, organisme de bienfaisance qui vise à protéger, restaurer et encourager la découverte du patrimoine naturel de la montagne. À la suite de nombreuses démarches et grâce à la réputation d’Alice Johannsen, l’UNESCO désigne le Domaine Gault et les environs « Réserve de la biosphère ».
À sa retraite, elle fondera le Musée Jackrabbit à Piedmont et rédigera le livre « The Legendary Jackrabbit Johansen » en hommage à son père qui fut le pionnier du ski nordique au Canada.
Alice E. Johannsen a été géologue, naturaliste, muséologue et éducatrice. Après toutes ces réalisations visionnaires, elle décède le 2 janvier 1992 à l’âge de 80 ans.
Publication le 12 décembre 2024.

Références:
- « L’Université McGill lance un projet-pilote sur la connaissance de la nature à la propriété Gault du mont Saint-Hilaire », L’Œil Régional, mercredi 22 juillet 1970, page 3.
- Ingrid Birker, « Alice Johannsen : McGill educator extraordinaire », McGillREPORTER, mis en ligne le 8 mars 2013, consulté le 23 juillet 2024 https://reporter.mcgill.ca/alice-johannsen-mcgill…/…
Cécile Lalande Dagenais (1923-1987)
Rédaction : Raymond Lalande, fils de Cécile Lalande Dagenais.
Nous sommes le 10 novembre 1957. Un grand jour pour la population de l’Île Jésus: C’est l’inauguration d’un petit hôpital situé à Ste-Rose, le seul entre Montréal et St-Jérôme. C’est aussi un exploit pour sa fondatrice, Cécile Lalande, née Poirier, 34 ans et infirmière de profession : l’hôpital ouvre ses portes alors qu’elle est veuve depuis sept mois et mère pour la 2e fois depuis trois mois.
L’histoire des soins de santé à Laval ne peut faire abstraction du rôle extraordinaire qu’a joué Cécile Lalande Dagenais (nom issu de son union en secondes noces avec Jean-Baptiste Dagenais). Établie à Ste-Rose en 1953, elle fonde l’hôpital Ste-Rose dans le but de répondre aux besoins de maternité et de soins infantiles d’une population en croissance exponentielle sur l’Île Jésus. Le petit hôpital de sept lits, situé sur la rue Plateau-Ouimet, déménage dans de nouveaux locaux plus vastes en 1962 et devient un hôpital général de 22 lits. Le malheur continue pourtant de frapper. Son deuxième époux décède la même année. Malgré tout, elle poursuit son œuvre. Elle combine gestion hospitalière, famille et poursuite de ses études. Elle sera diplômée de l’École d’administration hospitalière de Montréal ainsi que de la Faculté de nursing de l’Université de Montréal en hygiène publique. Personnalité reconnue, Cécile Lalande Dagenais sera l’unique femme nommée sur la Commission Paiement dont les travaux mèneront à la création, en 1978, de la Cité de la Santé de Laval. Elle sera également la seule femme siégeant sur le CA fondateur de cet hôpital. Quant au petit hôpital Ste-Rose, il deviendra, en 1971, le CLSC Ste-Rose de Laval, le premier du genre au Québec. Elle en assumera la direction jusqu’en 1982, année où elle apprendra qu’elle souffre d’un cancer du sein.
Malgré la maladie, elle deviendra directrice générale de l’Hôpital Général de Hawkesbury avant de revenir à Ste-Rose comme gestionnaire du Manoir Thérèse Casgrain. Cécile Lalande Dagenais décèdera à son domicile de Ste-Rose le 16 avril 1987 des suites du cancer qui l’a frappée cinq ans plus tôt. Elle demeure pour les générations futures un exemple d’avant-gardisme et de ténacité. On retiendra d’elle son éternel leitmotiv : les services aux patients, d’abord et avant tout.

Publication le 4 mai 2023.

Références:
- Fonds Cécile L. Dagenais (P024). Centre d’archives de Laval/Société d’histoire et de généalogie de l’Île Jésus.
- Morgan, M. Histoire des services de santé de Laval, 1995.
- Beaulieu, L. Cités de la Santé : une histoire de la recherche et des soins de santé à Laval au XXe siècle. (Contacter la Société d’histoire et de généalogie de l’Île Jésus)
- Lalande R. « Cécile Lalande Dagenais : visionnaire et pionnière des soins de santé à Laval ». Conférence donné au Centre d’archives de Laval/SHGIJ. Fonds Cécile L Dagenais (P024).
Thérèse Belleau (1929- )
Rédaction :
Thérèse Belleau nait à Ottawa en 1929. Diplômée de l’École d’Anthropologie de l’Université de Paris en 1955, elle reçoit également le Post-graduate diploma in Western Prehistoric Archaeology de l’Université de Londres en 1957. Ses recherches en archéologie et en anthropologie l’amènent à voyager au Mexique, en France, en Espagne, au Maroc et au Canada. Spécialisée en archéologie canadienne et en archéologie préhistorique européenne, Thérèse Belleau est engagée à temps partiel au Musée national du Canada à Ottawa à partir de 1957 et participe aux nombreuses fouilles archéologies qui ont lieu en Ontario.
À la suite de son départ du Musée, en 1958, elle est engagée l’Université de Montréal, où elle devient la première femme à enseigner l’anthropologie et l’archéologie en français au sein du département de Sociologie. En effet, elle élabore plusieurs cours et met sur pied un musée à partir d’une collection de 1500 pièces objets préhistoriques, qu’elle utilise pour enseigner, léguées par le géologue Henri-Marc Ami. Son arrivée suscite l’intérêt et fait les manchettes dans différents journaux de la province.
Bien qu’elle quitte l’Université de Montréal en 1959 pour suivre son mari à Boston, Thérèse Belleau poursuit ses études et ses recherches en anthropologie et en archéologie aux États-Unis et en Australie.
Plusieurs années s’écoulent avant qu’une autre femme enseigne au Département d’anthropologie (créé en 1961). En effet, c’est en 1967 et en 1973 que l’ethnolinguiste Gillian Sankoff ainsi que l’archéologue Louise Paradis seront engagées.
Publication le 27 octobre 2023.

Références:
Riel-Salvatore, Julien, « Note de recherche. Thérèse Belleau, pionnière « fantomatique » de l’archéologie au Québec », Archéologiques, no. 34, 2021. p. 71-81.
Angèle de Montigny
Rédaction :
Angèle de Montigny nait à Saint-Louis-de-France en Mauricie dans les années 1930. Étant Oblates missionnaires de Marie Immaculée, une communauté de femmes laïques vouées à la religion catholique, elle est diplômée en pédagogie et en sciences ménagères et familiales. Effectuant un stage à l’Institut supérieure de psychologie pastorale de Paris, elle poursuit ses études au baccalauréat en pédagogie familiale de l’Université de Montréal, où elle y réalise, au début des années 1960, un mémoire portant sur le cours ménager agricole. Pour ce faire, elle sonde alors les diplômées des neuf écoles où se donne le cours dans la province de Québec afin de recueillir leurs témoignages. 97 finissantes répondent à l’appel ainsi que 70 mères de finissantes.
Parallèlement à ses études, elle enseigne la couture à l’École d’agriculture de Mont-Laurier et devient, en 1957, directrice du nouveau cours ménager agricole à l’École d’agriculture de Saint-Barthélémy, dans Lanaudière.
Angèle de Montigny quitte l’enseignement et les oblates à la fin des années 1970. Ses élèves conservent d’elle le souvenir impérissable d’une femme joyeuse, vive et patiente désirant toujours se dépasser.
Publication le 16 février 2024.

Références:
- Jean-Charles Magnan, « Angèle de Montigny. », Le monde agricole par Jean-Charles Magnan, 1972. P. 116.
- Entrevue avec Angèle de Montigny, juillet 2018.
- Angèle de Motigny, «Le cours ménager agricole en 1961», Mémoire baccalauréat en en pédagogie familiale de l’Université de Montréal, 1963.
Monique Lecours (1936-2022)
Rédaction : Louise Langevin, membre de la Société d’histoire et de généalogie de Belœil—Mont-Saint-Hilaire
Née sur une ferme à Saint-Antoine-sur-Richelieu en 1936, enseignante dès l’âge de 17 ans, Monique Lecours épouse Claude Bernard en 1960. Ils s’établissent au pied du mont Saint-Hilaire et le couple démarre une ferme avicole à laquelle Monique Lecours ajoute une production maraîchère (1965). Le couple s’est connu par le mouvement de la JEC (Jeunesse étudiante catholique) qui promeut l’engagement social.
« Ce qui n’est pas nommé n’existe pas », disait cette féministe avant la lettre. Inlassablement sa vie durant, elle envoie des lettres à des ministres et à des députés, visant entre autres la reconnaissance des femmes comme égales des hommes.
En 1980, consciente du statut précaire des femmes impliquées avec leur mari dans une entreprise, elle fonde L’association des femmes collaboratrices et partenaires en affaires et devient partenaire à parts égales avec son mari dans la ferme commune. Première femme élue à la présidence de son syndicat régional à l’UPA de Rouville, elle y demeure durant 10 ans. En 1984, elle est cofondatrice du Comité québécois Femme et développement (CQFD) de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale. Première agricultrice nommée en 1988 jusqu’en 1998, à la direction de la Fédération de l’UPA de Saint-Hyacinthe, elle préside plusieurs comités centrés sur le bien-être des animaux. Reconnaissant son expertise, le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme fait appel à elle pour représenter les agricultrices. Infatigable, elle réalise sept émissions à la télévision communautaire et donne le cours « Femme en agriculture » à l’ITA de Saint-Hyacinthe et au cégep de Joliette.
À l’échelle nationale, elle a notamment été nommée « Agricultrice de l’année » (1998 et 1999), intronisée au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec et reçue chevalière de l’Ordre national du Québec (2000). Décédée en 2022 à 85 ans, elle aura milité toute sa vie, surtout dans le domaine agricole, pour la justice sociale et l’égalité entre les femmes et les hommes.
Publication le 22 février 2024.

Références:
- Comité québécois femmes et développement de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale, Politique d’égalité entre les femmes et les hommes, 2013, p. 4., en ligne https://aqoci.qc.ca/…/2014/04/pdf_politique-efh-finale.pdf, consulté le 7 janvier 2024
- Fédération des producteurs d’œufs du Québec, « Ferme Lecours-Bernard inc. », en ligne https://oeuf.ca/pro…/les-fermes/ferme-lecours-bernard-inc/, consulté le 7 janvier 2024.
- Lecontrecourant.com, « Saint-Antoine-sur-Richelieu : un dernier hommage à Mme Monique Lecours », s.d., en ligne https://lecontrecourant.ca/…/saint-antoine-sur…/, consulté le 7 janvier 2024.
- Laurent-Paul Ménard et Louise Chevrier, « Les femmes à l’heure de la détermination tranquille », L’Œil Régional, 9 mars 1996, p. B1, en ligne https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2439253?docsearchtext=Monique%20Lecours-Bernard
- Québec, Ordre national du Québec. « Monique Lecours (1936 – 2022), Chevalière (2000) », s.d., en ligne https://www.ordre-national.gouv.qc.ca/membres/membre.asp…, consulté le 7 janvier 2024.
- Salon funéraire Demers, « Monique Lecours 1936-2022 », en ligne https://www.salondemers.com/obituary/monique-lecours/, consulté le 7 janvier 2024.
- Temple de la renommée de l’agriculture du Québec, « Admise en 2000. Monique Lecours », s.d., en ligne https://www.templeagriculture.org/hommage/48-Lecours, consulté le 7 janvier 2024.
Angèle St-Yves (1940- )
Rédaction : Société d’histoire des Îles-Percées – Boucherville
Angèle St-Yves est fille d’agriculteurs. Dès l’enfance, elle fera l’École normale puis complètera son baccalauréat (1977) et sa maîtrise (1984) en génie rural de l’Université Laval. Son parcours d’ingénieure et agronome l’amène au ministère de l’Environnement du Québec et à Agriculture Canada (CRDA)
Durant sa carrière elle assumera des rôles et postes importants dans le génie rural et le génie alimentaire. Tour à tour, première femme à occuper le poste de directrice d’un Centre de recherche sur les sols et les grandes cultures, puis dans les années 1980 nommée présidente de l’Association des ingénieurs en génie rural, de 1989 à 1991 première femme présidente de l’Ordre des agronomes du Québec, de 2001 à 2004 cheffe nationale du programme national de recherche de la salubrité et qualité des aliments, une première pour une femme. Tout au long de sa carrière, Angèle St-Yves s’est intéressée à la place des femmes en ingénierie.
Récipiendaire de plusieurs reconnaissances prestigieuses dont: le Prix de Commandeure du Mérite Agricole en 1989 et Commandeure du Mérite agronomique en 1994. Intronisée en 2009 au Temple de la renommée de l’agriculture, elle a aussi été faite chevalière de l’Ordre national du Québec en 2010. Elle a été élue Personnalité de la semaine par La Presse en 1989 et récipiendaire du prix du Conseil interprofessionnel du Québec en 1996.

Publication le 2 février 2023.

Références:
entrevue dans la revue Plan décembre 2010 par Huguette Guilhaumon
Louise Bernard (1950-2003) et Pierrette Vaillancourt (1940- )
Rédaction : Louise Langevin, Société d’histoire et de généalogie de Belœil—Mont-Saint-Hilaire
La vie de ces deux femmes est étroitement liée à l’histoire des soins palliatifs au Québec. C’est grâce à leur compassion pour les personnes souffrantes, à leur passion contagieuse et à leur opiniâtreté face aux obstacles que la Maison Victor-Gadbois existe depuis 1992 à Saint-Mathieu-de-Belœil. Ces deux femmes, toutes deux mères de famille (deux et quatre enfants) et travaillant dans le même CHSLD de Belœil, ont partagé dès les années 1980 une grande amitié et le même rêve d’adoucir la fin de vie de malades trop souvent laissés à l’abandon. Comment aider ces personnes désemparées et leurs familles ? Avec la complicité de l’aumônier du Centre, l’abbé Gérard Dupont, Louise Bernard et Pierrette Vaillancourt mettent alors sur pied une équipe de bénévoles pour accompagner ces malades et leurs proches. Puis, des médecins volontaires recrutés par Pierrette se joignent à l’équipe. C’est « Présence Amie de la Montérégie » qui voit le jour en 1984 avec l’aide de plusieurs organismes de la région. Avec des bénévoles, l’équipe suit une formation sur l’approche en soins palliatifs. La nécessité d’offrir une résidence aux malades qui ne peuvent plus demeurer à domicile s’impose alors. L’aventure se poursuit malgré les embûches, grâce à l’apport de personnes bénévoles, d’organismes publics et privés, de subventions et de dons. La Maison Victor-Gadbois est le fruit de la solidarité des gens du milieu, tous recrutés et encadrés par Louise et Pierrette. Après 30 ans d’existence, le bilan s’avère impressionnant : 5 515 patients, 78 employés et 185 bénévoles ainsi qu’un centre de jour dédié aux patients de l’extérieur.
Les deux fondatrices ont reçu plusieurs prix dont le Prix du bénévolat du Canada (1989) souligné par un hommage de la ville de Belœil, le Prix de la persévérance des Caisses Desjardins pour Présence amie (1994), la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec (1997) et la Croix du Service méritoire du Canada (1999). Voilà d’admirables pionnières qui méritent grandement de demeurer dans la mémoire des familles et de la collectivité.
Publication le 11 mai 2023.

Photo : collection Pierrette Vaillancourt, s.d.
Références:
- D. Bélanger, « Trente ans de compassion et de dévouement pour La Maison Victor-Gadbois », L’Œil Régional, 16 février 2022.
- Danielle Hudon. La Maison Victor-Gadbois déjà vingt ans depuis 1992. Pour que la vie continue, Belœil,
- Maison Victor-Gadbois, 2011, 103 p.
- Gilles Joly et le conseil d’administration du Réseau de soins palliatifs du Québec. « Réseau-bénévoles. Les bénévoles en soins palliatifs sont en deuil », Bulletin du Réseau de soins palliatifs du Québec, volume 11, no 3, déc. 2003, p. 8.
- Francine Jean, Jocelyne Lauzon, Michel L’Heureux, Denis Savard. « Hommage à Louise Bernard (1950-2003) », Bulletin du Réseau de soins palliatifs du Québec, vol. 12, no 3, nov. 2004, p.15-17.
- Entrevue avec Pierrette Vaillancourt, 3 mars 2023.
Maria De Koninck (1945- )
Rédaction : Société historique de Québec
Maria De Koninck nait à Québec en 1945. Son intérêt pour les mathématiques et la philosophie l’amène au baccalauréat en sociologie, qu’elle obtient en 1970. Elle débute sa carrière comme agente de recherche à la Régie de l’assurance maladie du Québec et enseigne parallèlement les sciences sociales au Collège Marguerite d’Youville de Sainte-Foy. Elle devient, par la suite, l’une des premières agentes de recherche au Conseil du statut de la femme, où elle travaille sur plusieurs dossiers en lien avec la condition féminine, dont celui de la santé.
Son passage au sein du CSF l’amène à pousser ses recherches sur les méthodes de reproduction et l’éthique de ceux-ci, plus particulièrement sur les pratiques reliées à la césarienne. Elle décide alors d’entreprendre un doctorat en sociologie afin de poursuivre ses recherches. Sa thèse Femmes, enfantement et changement social : le cas de la césarienne est déposée à l’Université Laval en 1988. Avec celle-ci, elle questionne les changements et l’évolution des rapports entre les hommes et les femmes en lien avec l’augmentation de la pratique des césariennes.
Après l’obtention de son doctorat, Maria De Koninck devient la première titulaire de la Chaire d’étude sur la condition des femmes, connue aujourd’hui sous le nom de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés. Entre 1988 et 1992, elle développe, entre autres, des projets de recherches sur la santé des femmes, et se penche sur l’inégalité sociale de la santé. Prônant l’approche multidisciplinaire en sciences sociales, elle collabore avec d’autres départements et facultés afin de faire avancer ses recherches. Grâce à ces collaborations, elle met sur pied le cours Médecin, médecine et société, où elle désire intégrer les sciences sociales à la profession médicale.
Tout au long de sa carrière comme, de chercheure à Professeure émérite au Département de médecine sociale et préventive à la Faculté de médecine de l’Université Laval, Maria De Koninck a su faire avancer les recherches sur la santé des femmes autant au Québec qu’à l’international.
Publication le 18 mai 2023.

Références:
- S.N. Entrevue avec Maria De Koninck, Vitrine sur la sociologie à l’ULaval, Université Laval. Faculté des sciences sociales. Département de sociologie. 7 mars 2018. https://www.fss.ulaval.ca/…/entrevue-avec-maria-de-koninck
- S.N. Historique, Chaire Claire-Bonenfant, Femmes, Savoirs et Sociétés., Université Laval. Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés. S.D. https://www.chaireclairebonenfant.ca/a-propos/historique/
- S.N. Femmes, enfantement et changement social : le cas de la césarienne, INRS. Familia : base de documentaire des recherches sur les familles du Québec. S.D. https://familia.ucs.inrs.ca/notice/?ID=9222
Centres de santé des femmes
Rédaction : Marie-Laurence Raby
En 1975, des militantes féministes décident de mettre sur pied le premier Centre de santé des femmes à Montréal. L’objectif du Centre est alors de contrer les effets de la pauvreté et de mettre de l’avant une médecine préventive et critique de l’institution médicale. En 1980, le Centre de santé des femmes de Montréal s’allie avec cinq CLSC de la région pour offrir un service d’avortement. Il suit ainsi les pas du Centre de santé des femmes de Québec, qui offre un service d’avortement depuis 1979, appuyé par plusieurs syndicats dont la CSN (qui lui prête ses locaux), la CEQ, Syndicat des Professionnels du Gouvernement du Québec et la Caisse Populaire des travailleurs réunis de Québec. Des Centres de santé des femmes ouvriront aussi à Gatineau, Trois-Rivières, Sherbrooke et Joliette.
L’ouverture des Centres de santé des femmes marque un tournant dans la lutte pour l’avortement au Québec. Les militantes créent les services qu’elles réclament : « À elles seules, les pressions politiques ne donnent rien. Il faut être subversive ». (Coordination nationale pour l’avortement libre et gratuit, Compte-rendu du Colloque des 27 et 28 octobre 1979, 06 décembre 1979).
Rappelons qu’au début des années 1980, le ministre de la Santé et des services sociaux – Denis-Lazure – met en place un programme pour inciter les hôpitaux à créer des cliniques de planification des naissances – incluant des services d’avortement. Dans les faits, les « cliniques Lazure » échoueront à améliorer l’accès à l’avortement dans la province.
Les Centres de santé des femmes se développent en tablant sur une certaine tolérance de l’État pour la pratique d’avortement en dehors du cadre légal – l’avortement n’est décriminalisé qu’en 1988. Il s’agit d’une réponse féministe aux enjeux d’accessibilité à l’avortement – des enjeux qui persistent encore aujourd’hui (https://fqpn.qc.ca/actions/).
Publication le 9 mai 2024.
